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Posted by : Palabre-Infos 22 févr. 2011


Alpha Condé, Président de la République de Guinée
En visite d'Etat au sénégal sur invitation du président Abdoulaye Wade (18 au 19 février 2011), Alpha Condé a profité pour  prendre langue avec la presse sénégalaise. Si par faute de temps, semble t-il, un débat de fond n'a  pas eut lieu avec  le président guinéen, Alpha Condé a tout de même répondue à quelques questions de la presse sénégalaise.
Dans ce qui ce suit je vous livre deux des questions concernant la situation actuelle du pays, laquelle il a hérité le 21 décembre dernier à la suite de son investiture, et celle de l'emploi des jeunes dont il assure qu'elle sera au centre des son effort et de celui de son gouvernement .
Peut-on avoir une idée plus précise des  problèmes pressants de la Guinée ?
Nous avons hérité d’un Etat en quasi faillite. Depuis deux ans, nous ne bénéficions pas de l’appui de l’extérieur. Malheureusement, nous avons pris l’habitude de faire marcher la planche-à-billets. Par exemple, en un an de régime du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd), il y a eu plus d’argent sorti en Guinée que durant la période allant de 1958, à la prise du pouvoir par le Cndd (Ndlr : Date de l’Indépendance de la Guinée à la mort de Conté Lansana, ancien Président de la Guinée). C’est-à-dire, en un an, le Trésor public guinéen a sorti plus d’argent que la Guinée n’en a sorti en 60 ans.
On a fait tourner sans retenue la planche-à-billets. Vous savez très bien le résultat auquel on aboutit si vous marchez à la planche-à-billets et qu’il n’y a pas de production dans un pays où toutes les usines qui existaient avant, ont été fermées. Il n’y avait plus de production agricole en Guinée. Il n’y avait que le négoce qui se faisait sur la base de trafic où le client ne paie pas de droit de douane, d’impôt, etc. Ce qui fait que nous avons hérité d’un pays et pas d’un Etat.
Maintenant, il faut créer l’Etat. Nous allons consacrer les cent premiers jours à faire des réformes structurelles. Parmi les 6 centrales électriques du pays, les quatre sont totalement en panne, donc seules deux centrales sont en marche. Le problème de l’électricité est une question cruciale à laquelle la Guinée tient beaucoup.
Aujourd’hui, il faut augmenter le prix de la farine, du sucre, du riz, etc. Il faut aussi jouer contre l’inflation monétaire. Nous avons toutes ces difficultés. Mais ce sont des difficultés  temporaires. Parce que, comme je l’ai dit tantôt aux Guinéens (Ndlr : Le Président Condé a reçu auparavant une délégation de la communauté guinéenne au Sénégal), ce sont les Guinéens qui n’aiment pas la Guinée mais Dieu aime la Guinée, parce qu’on peut produire n’importe où et tout en Guinée.
Tout le monde dit que la Guinée est un scandale géologique, mais je pense que la Guinée, avant d’être un scandale géologique, est d’abord un scandale agricole. Donc, nous sommes confrontés à une série de problèmes que nous aurions pu résoudre avec facilité en négociant avec les sociétés minières pour avoir de l’argent. Mais, mon objectif est de définir une politique minière de la Guinée afin que la Guinée soit propriétaire de ses richesses. Par conséquent, nous sommes en train de mettre sur pied un Code minier. Après, nous négocierons de nouveaux contrats parce que tous les contrats qui sont passés sont léonins, donc en défaveur des intérêts du peuple guinéen.
Nous allons revoir tous ces contrats. Auparavant, nous allons définir des politiques pour que la Guinée soit non seulement actionnaire dans chaque société, mais une partie des minerais sera vendue par la Guinée elle-même. Si les pays arabes sont propriétaires de leur pétrole, je ne vois pas pour quelle raison la Guinée ne serait pas propriétaire de ses mines.
Que comptez-vous faire dans le domaine de l’emploi, car les jeunes Guinéens recherchent en grande majorité leur premier emploi ?
Nous ferons deux choses. D’a?bord, nous allons mettre en place un fonds d’aide et de solidarité pour les jeunes qui ont des projets. Par ailleurs, nous sommes en train de mettre sur pied un service civique qui va former des jeunes qui seront envoyés dans l’intérieur du pays pour encadrer les paysans et artisans. Ensuite, nous sommes en train de faire des recensements dans la Fonction publique et dans l’Armée, parce qu’il y a beaucoup de fonctionnaires fictifs. L’Admi?nistration a vieilli.
Nous allons aussi mettre sur pied des mesures d’accompagnement pour que les fonctionnaires qui doivent aller à la retraite aient le moins de problèmes pour leur reconversion. Il ne faut pas que les fonctionnaires aillent à la retraite dans la misère. Avec l’aide des bailleurs de fonds, nous sommes en train de mettre en place des mesures d’accompagnement. Le problème du chômage sera une priorité de notre action.

Une interview lu pour vous sur le site web lequotidien.sn et dont vous pouvez lire l'intégralité ici: Entretien avec Alpha Condé

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