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Posted by : Palabre-Infos 3 janv. 2012

Dr B. Diakité 
« S’il y a un pays où une Conférence nationale s’impose après tant d’années  de pouvoir autoritaire d’anomalies  meurtrières et de manquements graves à la dignité de la personne humaine et au droit des gens, c’est  certainement  la Guinée…. »
Le processus de démocratisation est en panne dans notre pays par manque de  respect des règles du jeu démocratique, les habitudes ont la vie dure.

Mais  si nous voulons sérieusement sortir de ce blocage sociopolitique la voie royale  est et demeure : une Conférence Nationale. Il nous sera très difficile d’en faire l’économie , car en effet le passif de nos 53 ans d’indépendance est très lourd ,et  une vraie et sincère réconciliation nationale est à ce prix.
Et pourquoi les partis politiques surtout majoritaires n'en parlent même pas; alors que c'est un préalable à une réconciliation ? Pour se réconcilier il faut situer les responsabilités. Pourquoi l'Opposition ou le Pouvoir ne met jamais en avant la question de la Conférence nationale ?   Nous sommes tous d’accord pour constater que le pays est miné par d’une part la bipolarisation ethno-régionale de la vie publique, d’autre part la mal-gouvernance. 
Depuis la Première République jusqu’aujourd’hui , quel  est le gouvernement  guinéen qui n’a pas eu   ses ministres :  Malinkés,   Soussous ,  Peuls,   Forestiers ?  Et parmi tous ses ministres, quels sont ceux qui ont démissionné pour cause de mal-gouvernance  ou raison de ségrégation ethnique ? Nous sommes dans une situation politique bloquée où règnent la suspicion, la stigmatisation, la victimisation. 
La réalité est que nous tournons en rond dans un cercle vicieux où chaque camp voit «la paille dans l’œil du voisin mais pas la poutre dans le sien » ! Dans ce climat d’accusation mutuelle, je crains fort que le dialogue politique engagé actuellement  entre le pouvoir et l'opposition ne puisse pas aboutir, et ce sera le nième échec de tentative de sortie de crise ! J’espère et je souhaite me tromper. Mais le  vrai Dialogue inclusif appelé Conférence nationale doit   réunir : toutes les Forces Vives de la nation.
En effet les problèmes de notre pays dépassent largement le simple cadre politicien, ils concernent toute la communauté nationale dans ses diverses composantes : ethnique, politique culturelle, professionnelle, générationnelle, confessionnelle…C’est pourquoi un vrai dialogue inclusif doit concerner  les représentants de toutes les forces vives du pays.
Partis politiques de tout bord, Organisations syndicales , les Forces de défense et de sécurité, les Hommes de loi( Juges et Avocats) les Clergés chrétien et musulman. les Organisations de jeunesse, les Organisations de femmes, les Organisations paysannes , la Communauté guinéenne expatriée… Il ne peut  y avoir de meilleure occasion ou  de meilleur endroit de faire un dialogue le plus inclusif possible, si ce n’est cette conférence nationale ;  c’est seulement en ce moment que nous pourrons dire et connaître  « toute la vérité, rien que la vérité » sur notre histoire post- coloniale. Aujourd'hui chaque ethnie, chaque région, chaque parti, pour ne pas dire chaque guinéen a sa vérité sur les problèmes de notre pays.  Lorsque nous connaîtrons la vérité historique à travers les débats lors d’une  conférence nationale, nous pourrons situer les responsabilités, et c’est seulement après cela  justice sera rendue aux victimes. 
Combien d'occasions ratées et combien de rendez –de- vous manqués avec l'histoire? Nous avons raté notre transition par manque de vision car toute la classe politique a été éblouie par la perspective du pouvoir. Elle a succombé au charme de l'électoralisme. Au sein des Forces Vives nous  avions proposé de faire les élections législatives avant l'élection présidentielle, ce qui aurait permis d'avoir d'entrée de jeu un équilibre des pouvoirs exécutif et législatif à la sortie de la transition. 
Quel est  le parti qui en a voulu ? 
Je pense que notre transition, que nous avons ratée, serait tout autre si notre frère le Pr Alfa I. Sow( paix à son âme)  était encore parmi nous en ce bas monde. Il n’aurait jamais  toléré la grave déchéance du débat politique que nous avons connue. Les compatriotes qui l’ont connu pourront témoigner. 
Je reste fidèle à l’esprit et l’expérience que  le Pr Alfa Ibrahima ( paix à son âme) m’a légués et  mon combat  n’a pas jamais été  dirigé contre une personne ou  contre  une ethnie . Il est  pour la citoyenneté guinéenne et où  partout je trouve en Guinée je suis chez moi, comme tout autre guinéen ! 
Je  me suis fortement impliqué dans le combat  du Forum des Forces Vives, car c’était l’immense majorité du peuple guinéen, sans distinction  d’ethnie ou de région, qui voulait en finir avec la dictature militaire. Et je suis toujours prêt à m’engager   dans toute démarche cherchant l’unité de notre pays . 
En lieu et place des invectives, J’invite les compatriotes sincères à ce  que nous réfléchissions rapidement ensemble aux voies et moyens de la tenue de cette conférence nationale    «  Dialogue-Vérité-Justice-Réconciliation. » 
Compte tenu  de la bipolarisation ethnique du débat  à l’occasion  du deuxième tour 2010 de la présidentielle, personnellement j’étais pour une position de neutralité, et je l’ai exprimé à la Direction nationale du parti qui ne l’a pas suivie. Et c’est cette neutralité qui aurait permis  à l’U.F.D. de condamner  les évènements  de Siguiri, Kouroussa,  tout en restant crédible !  
Je voudrais dire aux compatriotes que je n’ai jamais eu  peur de défendre mes positions et mes convictions politiques, je n’ai la culture de l’opportunisme. Je vous dis sans fausse modestie qu’en  1991- 1992 j’ai personnellement implantée l’U.F.D. à Siguiri ,  Mandiana , Kankan, Kouroussa, Koumana. A cette période il n’était pas question d’aller parler d’ un autre parti politique en Haute Guinée  à part le R PG !
Chers compatriotes,  je livre à nouveau à votre réflexion le message que le président fondateur de l’Union des Forces  Démocratiques (U.F.D.) notre frère le Pr Alfa Ibrahima Sow ( paix à son âme)nous a laissé à propos de la voie à suivre pour le renouveau démocratique de la Guinée.
   « S’il y a un pays où une Conférence nationale s’impose après tant d’années  de pouvoir autoritaire d’anomalies  meurtrières et de manquements graves à la dignité de la personne humaine et au droit des gens, c’est  certainement  la Guinée…  Dans la situation politiquement ingérable et bloquée où se débat la Guinée d’aujourd’hui, en proie à des mutations anarchiques aussi injustes que préjudiciables à l’intérêt général, la conférence nationale de vérité, de justice et de réconciliation s’impose comme procédure incontournable d’instauration  de la Démocratie véritable. Une Conférence nationale des Forces Vives du pays  est indispensable pour dresser ensemble un état crédible des lieux, s'entendre sur le diagnostic, le bilan, les projets, les idées et les personnes, s'entendre sur la nature, les caractéristiques et la durée de l'effort et les sacrifices raisonnables à demander aux populations. »  
Seule la Conférence nationale nous donnera l'occasion de nous débarrasser  de la  haine et d'humiliation, pour remettre notre pays sur la voie du changement, de l'unité véritable et du travail. l''enjeu de ce débat dépasse largement le destin d'un homme et d'un régime pour conserver le présent et l'avenir de tout un pays et de ces habitants. En définissant les nouvelles règles du jeu démocratique qui ne peuvent plus être des règles octroyés, seul la conférence nationale  souveraine nous permettra de jeter les bases d'un nouveau contrat social, nous révèlera le projet de société à servir, le chemin à prendre, le profil du dirigeant politique de cette nouvelle période historique. La conférence nationale  nous engagera aussi bien devant notre peuple que devant le monde à renoncer définitivement aux mauvaises habitudes de notre passé postcolonial récent, à respecter désormais le patrimoine public, la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, le droit de l'homme et les libertés démocratiques, de même que les espaces de libertés que nos populations se seront aménagé à travers leurs associations respectives. » 
En conclusion une conférence nationale, -qui ne doit pas être un endroit de règlement de comptes ni un tribunal populaire  nous donnera l’occasion pour une fois de parler sincèrement à cœur ouvert des difficultés qui bloquent notre vie publique, l’exemple de l’Afrique du Sud est là pour nous instruire. Cela  nous donnera l’opportunité de poser les bases d’une nouvelle citoyenneté guinéenne dans le cadre d’un nouveau Pacte social, sans pourtant renier nos identités ethno-régionales qui constituent notre richesse commune.

Vive une Guinée unie et prospère. 
Dr. B. Diakité.

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