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- SANTE| Une souche nouvelle de HIV circule en Afrique de l'ouest
Posted by : Palabre-Infos
17 oct. 2012
Trente ans après son émergence dans la communauté homosexuelle américaine le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
continue de passionner les spécialistes de virologie. Une équipe
française vient d’en apporter la démonstration. Cette équipe est dirigée
par le Pr François Simon (service de microbiologie, Inserm, Hôpital
Saint-Louis, Paris) et ses confrères du laboratoire du CHU de Rouen
associé au Centre national de référence du VIH basé au CHU de Tours. Leurs résultats sont publiés dans l’édition datée du 26 novembre de l’hebdomadaire britannique The Lancet.
Rapport sexuel au Togo
Cette
équipe avait initialement intriguée par le cas d’un homme âgé de 57 ans
vivant en France. A la fin du mois de janvier dernier il avait été pris
en charge en urgence à l’hôpital parisien en présentant une série de
symptômes (fièvre, ganglions, ulcérations génitales) huit jours après
son retour d’un voyage au Togo. Lors de l’interrogatoire le patient fit
état d’un rapport sexuel avec une femme togolaise et un diagnostic
d’infection par le VIH fut alors évoqué ; puis confirmé par différentes
techniques sérologiques.
Paralysie faciale
Début février le malade développa une
paralysie faciale et différents examens complémentaires furent alors
pratiqués. Les résultats obtenus laissèrent alors penser aux biologistes
que contrairement à ce qu’ils avaient initialement supposé ils étaient
confrontés à une souche de VIH différente de celles qui sont
habituellement rencontrées.
Les spécialistes ont au fil du temps
appris à distinguer deux principaux types de virus du sida : le VIH-1
(très largement prédominant depuis trente ans) et le VIH-2 (découvert en
Afrique de l’Ouest et peu fréquent). Le groupe VIH-1 est divisé en
trois types : le M (ou major group archi-majoritaire tenu pour être à l'origine de la pandémie) et deux autres rarissimes : le O (outlier group) et le N (non-M, non-O)
. Un quatrième type désigné (le P) a aussi été identifié en 2009 par
une équipe française chez une personne originaire du Cameroun et vivant
en France.
Puissante association de cinq médicaments antirétroviraux
Les
recherches de génétique virologiques menées sur les prélèvements
biologiques du malade français ont permis d’identifier un sous-type N
(déjà dénommé N1.FR.2011). L’infection n’a chez lui pu être
progressivement contrôlée que grâce à la puissante association de cinq
médicaments antirétroviraux (tenofovir, emtricitabine,
darunavir/ritonavir, raltegravir et maraviroc).
Le groupe N est
génétiquement le virus du sida le plus proche d’un virus voisin (ou SIV)
isolé chez des chimpanzés vivant à l’état sauvage. Il a initialement
été identifié en 1998 chez une Camerounaise atteinte du sida. Tout
laissait jusqu’à présent penser qu’il était circonscrit au Cameroun. Des
recherches menées dans ce pays sur plus de 12 000 personnes infectées
par le VIH n’avaient toutefois permis de le retrouver que dans douze
cas, dont les membres de deux couples.
Franchi les frontières du Cameroun
Pour les auteurs de la communication du Lancet il
ne fait guère de doute que la contamination du malade français s’est
produite au Togo lors d’une ou plusieurs relations sexuelles non
protégées. Ce qui sous-entend que se virus a d’ores et déjà franchi les
frontières du Cameroun. Loin d’être une simple observation virologique
cette découverte est importante dans la mesure où ce type de virus
semble particulièrement agressif déclenchant une infection d’évolution
rapide et réclamant d’emblée une puissante association médicamenteuse
suivie de soins spécialisés adaptés. Les actuelles méthodes standards de
dépistage ne semblent d’autre part pas pleinement adaptées à ce nouveau
profil virologique.
Cette découverte nécessite d’ores et déjà un
renforcement de la veille épidémiologique spécialisée. Cette veille
assurée en France devrait aussi être mise en œuvre dans les différents
pays d’Afrique de l’Ouest où ce nouveau type de virus est, outre le
Cameroun et le Togo, susceptible de circuler et où sa transmission étant
elle aussi assurée lors des relations sexuelles non protégées voire par
l’intermédiaire de transfusions sanguines.
Source: Slateafrique.fr