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Posted by : Palabre-Infos 27 juin 2011

 Les camps de déplacés de Bukiringi (RDC)
BUKIRINGI, PROVINCE ORIENTALE, 21 juin 2011 (IRIN) - Les activités des bandits et des milices et les exactions imputées à l’armée entraînent des problèmes d’accès pour les travailleurs humanitaires qui tentent d’aider les vastes populations de personnes déplacées dans le territoire d’Irumu, dans la région d’Ituri, au nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). 
Parmi les 130 000 PDIP de la région d’Ituri, 89 864 (69 pour cent) se trouvent sur le territoire d’Irumu, à environ 40 kilomètres au sud-ouest de Bunia, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Des restes des milices qui se sont battues jusqu’en 2007 pour obtenir le contrôle du territoire d’Irumu demeurent actifs et mènent des attaques sporadiques contre des civils. Selon certaines informations, des actes de banditisme et des violations des droits de l’homme auraient été commis par le Front de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI), une milice auparavant associée au Front national intégrationniste (FNI), principalement Lendu, et par un nouveau groupe qui est apparu en 2008, le Front populaire pour la justice au Congo (FPJC). Ces milices, qui ne compteraient pas plus d’une centaine de personnes dans leurs rangs, ont été responsables de la mort de 52 personnes en 2010. Les Forces armées de la RDC (FARDC) sont intervenues pour neutraliser leurs activités et déplacer les populations affectées dans des zones protégées. L’un de ces endroits, Bukiringi, accueille environ 2 500 personnes déplacées qui vivent dans des abris temporaires formés par des carrés de 4 x 4 mètres de terrain recouverts d’une bâche en plastique. « C’est la guerre entre les groupes Lendu et les FARDC qui nous a poussé à quitter nos foyers. Nombreux sont ceux qui sont morts en route. Nous n’avons plus ce problème, mais notre principale préoccupation maintenant, c’est le logement », a dit à IRIN Olongwa Daniel, vice-président du comité des personnes déplacées. « Une ONG est venue installer ces abris, mais de nombreux toits ont été déchirés. Nos enfants doivent maintenant dormir à l’extérieur et ils attrapent toutes sortes de maladies lorsqu’il pleut. Les gens de l’ONG ont dit qu’ils reviendraient construire de meilleurs abris ». Parmi les 20 000 habitants de Bukiringi, 11 000 vivaient dans les zones de conflit et ont cherché refuge auprès des habitants du coin. Si on exclue les 2 500 PDIP qui vivent dans les camps, la plupart ont été accueillis dans des familles. Les travailleurs humanitaires se disent encouragés par la cohabitation pacifique entre les différentes communautés, mais l’afflux de nouveaux arrivants depuis 2010 risque d’avoir un impact négatif sur la disponibilité des ressources essentielles.  

Priorités humanitaires « Pour les travailleurs humanitaires, la priorité absolue est de créer un environnement sécuritaire pour que les déplacés puissent rentrer chez eux. Autrement, nous risquons d’être confrontés à une urgence humanitaire soutenue à long terme. Les gens d’ici étaient déjà vulnérables et le conflit est venu aggraver la situation », a dit à IRIN Séverine Ramis, responsable de terrain de l’ONG Save the Children dans la Province Orientale. « L’autre option est d’adapter la réponse humanitaire et de cibler les donateurs qui sont prêts à alimenter des fonds de transition afin d’obtenir un investissement à long terme, en particulier pour ceux qui vivent à Bukiringi depuis 2010 ». En dépit de l’intervention d’un grand nombre d’organisations humanitaires pour améliorer les conditions dans les camps de Bukiringi, certains estiment que la réponse humanitaire dans la région d’Ituri a été éclipsée par les attaques incessantes de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) et les déplacements massifs de population dans les Uélés. D’autres problèmes humanitaires qui affectent les habitants de la région ont également été négligés par les bailleurs de fonds. « Dans de nombreuses régions d’Ituri, et notamment à Djugu, il existe des problèmes qui ne sont pas dus au conflit, mais à la vulnérabilité économique, en particulier celle des populations qui sont rentrées chez elles il y a six mois ou même il y a un an ou deux », a indiqué Mme Ramis. « Aussi, aux environs des mines de Mongbwalu et près du lac Albert, des jeunes filles se prostituent et des violences sexuelles sont commises, mais tout cela est dissimulé par les besoins humanitaires des habitants du Haut et du Bas-Uélé. Dans la région d’Ituri, les causes structurelles sont plus souvent responsables de la vulnérabilité des habitants que le conflit et les déplacements de population ».  

Photo: OCHA/ReliefWeb
Une grande partie des communautés déplacées qui vivent à Bukiringi sont arrivées avant 2008, mais elles ne peuvent rentrer chez elles avant que leur sécurité ne soit garantie, et leur situation actuelle demeure précaire. « Devons-nous aider ceux qui sont là depuis six ou sept ans ? Doit-on continuer de les considérer comme des déplacés ? », a dit Mme Ramis à IRIN. « En général, la réponse serait non, mais puisqu’il n’y a pas de fond s de transition, les organisations d’aide humanitaire répondent aux besoins en adoptant des mesures d’urgence à court terme ». 

Allégations d’abus commis par les FARDC Selon un bulletin de l’OCHA publié en février dernier, environ 12 pour cent des PDIP d’Ituri demeurent hors de portée des organisations d’aide humanitaire et « l’accès dépend fortement de l’amélioration de la sécurité, qui doit être garantie par les FARDC et la MONUSCO [Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC] ». Un contingent des FARDC est stationné près des camps de Bukiringi. Selon certaines organisations d’aide humanitaire œuvrant en Ituri et dans les Uélés, les FARDC seraient responsables d’une grande partie des abus commis dans les deux districts, et notamment de taxation illégale, de travail forcé, d’agressions sexuelles et de pillage de ressources. « Si les FARDC sont là pour protéger le peuple congolais, elles représentent néanmoins un fardeau et une menace pour la population – premièrement parce que certains soldats ne sont pas rémunérés et satisfont leurs besoins essentiels en taxant illégalement les habitants et, deuxièmement, parce que nombre d’entre eux sont indisciplinés et commettent de graves abus, notamment des violences sexuelles et du pillage », a dit Marcel Stoessel, responsable d’Oxfam en RDC. À Irumu, certaines organisations estiment que plus de 50 pour cent des exactions ont été commises par les FARDC. Le colonel Sikabwe Fall, commandant de la zone opérationnelle des FARDC en Ituri, a reconnu que le manque de discipline observé dans certaines troupes était à l’origine de cas individuels d’abus, en particulier de la part d’officiers qui faisaient auparavant partie de groupes rebelles et qui ont rejoint l’armée après la fin de la guerre en Ituri. Il a cependant ajouté que les organisations d’aide humanitaire « étaient souvent de mauvaise foi » et que l’allégation selon laquelle l’armée était responsable de 50 pour cent des abus était fausse. « Je vous donne un exemple : l’un de nos hommes a violé une femme à Aveba. Les organisations d’aide humanitaire en ont été informées et nous avons aussitôt pris des mesures pour qu’il soit puni. Plus tard, les organisations ont publié un rapport accusant des éléments des FARDC de viol et dans lequel elles ne racontent qu’une partie de l’histoire – elles auraient au moins pu dire la vérité. Si un officier de l’armée viole une femme et que les milices armées ramènent 30 dans la brousse pour s’en servir comme esclaves sexuelles, faites le calcul, ça fait vraiment 50 pour cent ? » 


Soutien des milices par les habitants des camps Un bulletin de l’OCHA publié au mois d’avril tient les FARDC pour responsables de menaces contre certaines populations déplacées. Le colonel Fall attribue ces allégations au fait que certains individus dans les camps de déplacés continuent d’apporter leur soutien à des groupes armés. Olongwa Daniel, de Bukiringi, a eu du mal à convaincre les officiers de l’armée qu’il n’avait rien à voir avec les milices. « Au début, nous avons eu beaucoup de problèmes avec les FARDC et certains soldats ont dû être punis pour finir par comprendre que nous ne conspirions pas avec les milices ». L’identité des groupes armés qui opèrent sur le territoire d’Irumu est également un sujet de controverse. Si la plupart des organisations d’aide humanitaire s’accordent sur le fait que les miliciens ne sont que des bandits sans aucune ambition politique, les FARDC estiment qu’il est difficile de comprendre les raisons de leurs attaques. « Certains actes sont tout simplement incompréhensibles », a dit le colonel Fall. « Il peut arriver, par exemple, qu’un groupe armé attaque un village et que les gens du village reconnaissent leurs propres enfants parmi les miliciens. Il s’agit d’une situation bizarre dans laquelle des miliciens attaquent leurs propres parents et mettent le feu à leur village ».


Source: IRIN

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