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Posted by : Palabre-Infos 26 nov. 2011

Affiche de campagne de Yaya Jameh
Il existe en Afrique occidentale un minuscule pays (11 300 km2 de superficie pour quelque 1, 8 million d’âmes) qui ploie sous le fardeau d’un jeune président balourd (l’homme n’a que 46 ans), dont les frasques, récurrentes et ubuesques, procèdent d’une ambition démesurée qui, chaque jour qui passe, grossit à vue d’œil. Reste à savoir quand, à l’instar de la grenouille du fabuliste, elle crèvera. Les habitants qui ont le malheur d’avoir cette curiosité pour chef d’Etat se sont rendus aux urnes, jeudi 24 novembre 2011, pour une nouvelle présidentielle.

Au même moment, se répandait une certaine rumeur selon laquelle Yahya Jammeh décidait en toute lucidité de se retirer de la course à la magistrature suprême. Si seulement pareil canular pouvait se transformer en réalité ! Un tel miracle soulagerait non seulement les Gambiens, qui ploient sous sa férule depuis 14 longues années, mais en plus, il consolerait bien des africains, qui se désolent de constater qu’il existe sur le continent  noir, en plein XXIe siècle, un chef d’Etat dont les excentricités, inlassablement mêlées à des bouffonneries,  à tout le moins égalent certaines inconduites de célèbres et tristes sires au nombre desquels Bokassa et Idi Amin Dada ne sont pas des moindres. Mais non, la réalité ici se démarquera du rêve qu’on appelle de tous ses vœux. Yahya Jammeh est bel et bien candidat à son propre poste ; plus, il passera, puisqu’il l’a déjà décidé ainsi.
Mais il n’en déçoit que plus. Pour preuve, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dénonce les conditions rocambolesques dans lesquelles la présidentielle gambienne a été préparée et renonce à jouer son  rôle traditionnel d’observateur dans une élection déjà courue d’avance. La décision est à saluer à sa juste mesure. Elle n’empêchera sans doute pas Jammeh de se présenter et de remporter la compétition sans coup férir, mais pareille décision a valeur de symbole.
Que cette instance, qui s’est impliquée dans des élections de maints pays africains en dépit des difficultés qu’elles présentaient décide, pour la présidentielle gambienne, de s’abstenir, la chose  traduit à quel point Yahya Jammeh a volontairement perverti une donne démocratique qu’il a forgée et tordue pour la plier à son service, à tel point que plus personne n’est dupe de pareille supercherie.
Quelle que soit la qualité de ses rivaux à cette joute des urnes, le président sortant l’emportera, se réinstallera, s’intronisera pour la  énième fois et aura même le culot d’inviter des amis pour fêter une  investiture qui sera en même temps le point de départ d’une énième ère de galère pour des milliers de ses concitoyens. Lui n’en a cure ; à l’entendre, il se trouve là où il est par la volonté divine ; qui plus est,  il est détenteur de la potion miracle qui guérit du Sida. Dommage, le ridicule ne tue pas ; dommage aussi que le président thérapeute ne possède pas de potion qui rende intelligent ; car le guérisseur qu’il est aurait été sans doute le meilleur de ses propres patients
Par Jean Claude Kongo

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