22 janv. 2012
Si tout va bien, l’équipe nationale de football de la Guinée livrera son premier match au compte de la 28ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations, le mardi 24 janvier 2012. Ce sera contre les Aigles du Mali. Et en prélude à cette compétition, s’est constitué un comité de soutien au Syli national de Guinée. Un comité dirigé par le ministre d’Etat en charge de la Construction et de l'Habitat, le général Mathurin Bangoura, et qui est chargé de collecter les fonds de soutien à l’équipe nationale.
Malgré que ce comité ait été manifestement mis sur pied à la hâte et tardivement, les contributeurs se bousculent à la porte. On rivalise de générosité sportive à coups de millions de francs, voire de milliards. Certes, c’est tout naturellement compréhensible qu’un peuple éprouve de l’engouement et l’envie de gagner pour son équipe. Mais on a l’impression tout de même qu’en Guinée, on en fait un peu trop. Le phénomène semble être trop démagogique. Au point qu’on se demande bien s’il n’y a pas d’autres priorités qui auraient mieux mérité d’engloutir tous ces fonds ? Surtout que le Syli n’offre que peu de gage d’assurance..
Malgré que ce comité ait été manifestement mis sur pied à la hâte et tardivement, les contributeurs se bousculent à la porte. On rivalise de générosité sportive à coups de millions de francs, voire de milliards. Certes, c’est tout naturellement compréhensible qu’un peuple éprouve de l’engouement et l’envie de gagner pour son équipe. Mais on a l’impression tout de même qu’en Guinée, on en fait un peu trop. Le phénomène semble être trop démagogique. Au point qu’on se demande bien s’il n’y a pas d’autres priorités qui auraient mieux mérité d’engloutir tous ces fonds ? Surtout que le Syli n’offre que peu de gage d’assurance..
Un milliard 500 millions de francs guinéens, c’est le montant que le président Alpha Condé a en personne débloqué pour soutenir la campagne du Syli national à la CAN. Cellou Dalein Diallo en a donné 15 millions. Sidya Touré, 2 millions et Lansana Kouyaté, 5.
Déjà au tout début de l’initiative, certaines sociétés minières de la place avaient donné le ton. C’est ainsi que le 6 janvier dernier, Rio Tinto Simfer, par l’intermédiaire de son directeur général, M. Graham Davidson, avait présenté une enveloppe de 750 000 USD, soit 5 milliards 260 millions de francs guinéens. Cette mastodonte anglo-australienne avait alors été suivie par la société minière de Dinguiraye (SMD), avec 100 millions de GNF ; la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) avec 50 millions de GNF ; la Société Ashanti Goldfield de Siguiri (SAG) avec 5 000 USD, soit 35 millions de GNF ; Henan China avec 10 millions de GNF et par la Chambre des mines de Guinée avec 20 millions de GNF.
A ces contributions, s’ajoutent toutes celles en provenance de l’ensemble des départements ministériels et leurs divers services. En fait, depuis que l’on a réussi à concentrer l’attention du chef de l’Etat sur la cause de l’équipe nationale, aucun cadre n’entend se faire remarquer par sa non cotisation en faveur de la réussite du onze national au Gabon et en Guinée Equatoriale. Pour peu, les récalcitrants risquent de passer pour des apatrides et des ennemis de la Guinée !
Pourtant, en réalité, toute la démarche qui aboutit à la mobilisation de ces grosses sommes ressemble bien à une certaine folie. On est en effet étonné que le pays qui vit dans la précarité qui est celle de la Guinée d’aujourd’hui, puisse être capable de sortir tous ces milliards pour une campagne sportive.
On ne peut qu’être sidéré par le fait que personne n’ait songé à initier que ces montants auraient pu mieux servir ailleurs. En guise d’exemple, il faut dire que la campagne agricole dont l’importance et le bénéfice pour la Guinée sont infiniment plus grands que la coupe que rapporterait même le Syli national, n’avait mobilisé que 2 milliards de GNF. Pour la CAN, le président de la République, lui seul vient d’allouer 75 % de ce montant.
De même, le colmatage des nids de poule que l’on rencontre dans les rues de la capitale guinéenne n’aurait peut-être pas demandé tout l’argent que l’on réussira à mobiliser pour la campagne du Syli. Pour un Etat qui avait, dit-on, pour des raisons de rigueur budgétaire, plus qu’amputer la subvention des médias privés, c’est tout simplement paradoxal.
C’est d’autant plus difficile à admettre que dans le for intérieur de chaque guinéen, ce serait une surprise si l’équipe nationale faisait une campagne réussie. Certes, la qualification contre le géant nigérian est fort honorable, mais très peu de supporters se font vraiment des illusions. On sait que dans une compétition comme la CAN, il faudra plus que de la chance.
Alors, la question est bien de savoir pourquoi toute cette folie footballistique ? A bien y voir de près, on peut penser qu’il s’agit d’une stratégie destinée avant tout à faire croire notamment à la jeunesse qu’on est à son écoute et se préoccupe de ses désirs. Ça c’est l’aspect qui pourrait rendre compte de l’attitude du président de la République et des ses concurrents politiques.
Pour les autres membres de l’administration publique, le culte du chef étant à son comble, on fait tout simplement dans l’imitation du président Alpha Condé. Histoire de ne pas se faire remarquer négativement par lui. Et pour les sociétés, il s’agit d’une stratégie purement commerciale. Quelle histoire ! Quelles affaires !
Source: GuineeConakry.info
