- Back to Home »
- AFRIQUE , Démocratie , Election , France , Politique »
- France| 53% regrettent l'absence des relations France-Afrique dans le débat électoral
Posted by : Palabre-Infos
18 avr. 2012
Une écrasante majorité de Français (81%) juge qu'il est important que
la France aide les plus démunis et 53% regrettent que les relations
entre la France et l'Afrique soient si peu abordées dans le débat
électoral en cours: tels sont quelques-uns des principaux enseignements
d'un sondage commandé par l'organisation non gouvernementale One France,
en partenariat avec le Huffington Post, à l'institut Harris
Interactive.
L'enquête, menée du 22 au 26 mars 2012, montre notamment que les
Français restent solidaires en temps de crise, mais aussi
particulièrement vigilants quant à l'utilisation des fonds.
Si 81% des personnes interrogées sont donc favorables à un maintien
de l'aide à son niveau actuel ou à son augmentation, contre 18%
souhaitant qu'elle baisse, elles réclament aussi que la France lutte
prioritairement contre la corruption dans les pays en développement
(49%) afin de s'assurer que l'aide atterrisse dans les bonnes poches et
serve les populations qui en ont réellement besoin.
L'efficacité et la transparence de l'aide -une priorité de One, qui interpelle les candidats à la présidentielle à ce sujet - est donc au cœur des préoccupations des Français.
Par ailleurs, 73% des sondés estiment que l'aide au développement
doit aller en priorité à l'Afrique, mais 22% seulement s'estiment
correctement informés sur les enjeux de développement et les aides qui y
sont associées, 46% souhaitant en savoir plus sur les résultats obtenus
grâce aux projets de développement et 36% réclamant plus de détails sur
ces projets.
Si l'aide a permis des progrès majeurs dans certains domaines,
l'information sur les résultats obtenus sort rarement des cénacles de
spécialistes: peu de gens savent par exemple que plus de 500 millions de
personnes ont été équipées de moustiquaires contre le paludisme au
cours des deux dernières années seulement et 46,5 millions d'enfants
supplémentaires ont été scolarisés en Afrique entre 1999 et 2008.
Des chiffres souvent méconnus, mais les Français sont néanmoins
conscients des enjeux auxquels doivent faire face les pays en
développement: les crises politiques internes (49%), les crises
alimentaires, la sous-nutrition ou la malnutrition (47%) et les
problèmes de santé publique, les maladies et les épidémies (41%) sont
les trois premiers défis cités.
Si une majorité de personnes interrogées (65%) considère que l'Onu
est la mieux placée pour améliorer la situation des pays en
développement, devant les Etats (32%), les ONG (29%), l'Union Européenne
(21%) ou les entreprises privées (16%), la confiance de nos concitoyens
se porte avant tout sur le travail des ONG (77%), devant l'Onu (70%) ou
l'Union européenne (57%) et très loin devant l'action des Etats.
Les sondés critiquent aussi les multinationales des pays du Nord,
accusées de s'accaparer, avec le soutien de leurs pays, les différentes
ressources des pays du Sud -énergétiques, alimentaires ou encore
main-d'œuvre.
Ce sondage, qui révèle les préoccupations des Français à quelques
semaines du premier tour de la Présidentielle, est à la fois rassurant
et inquiétant. Rassurant, parce que, tiraillés par la crise, les
Français ne se laissent pas entrainer sur la voie du repli sur soi: ils
veulent une France dynamique et actrice du changement sur les questions
de solidarité internationale. Lucides sur les difficultés des pays en
développement et sceptiques sur le bien-fondé de l'aide française, ils
demandent plus de transparence sur l'utilisation de leurs impôts et,
plus largement, réclament (à 49%) que la France s'engage activement
contre la corruption dans les pays pauvres.
Inquiétante aussi, cette étude d'opinion l'est assurément. Car elle
ne fait que mettre en pleine lumière le décalage frappant qui existe
entre le débat politique de ces présidentielles et les attentes de nos
concitoyens. Certains analystes ont pu s'interroger sur la fadeur d'une
campagne qui hésite à proposer une vision du monde et semble parfois se
résumer aux polémiques et aux "petites phrases" assassines. Ce sondage
démontre avec clarté, s'il en était encore besoin, que les Français
souhaitent que le débat présidentiel prenne de la hauteur. Mesdames et
Messieurs les candidats, il n'est pas trop tard pour mettre les
relations entre la France et l'Afrique au menu de vos préoccupations.
L'enquête a été réalisée en ligne du 22 au 26 mars 2012 auprès d'un
échantillon de 1377 individus représentatifs de la population française
âgée de 18 ans et plus à partir de l'access panel Harris Interactive.
Un billet de Guillaume Grosso, directeur de l’ONG, ONE en France
Un billet de Guillaume Grosso, directeur de l’ONG, ONE en France