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Posted by : Palabre-Infos 11 mai 2011


La Cour pénale internationale souhaite engager une procédure sur les crimes commis pendant la crise ivoirienne de 2010-2011. Une décision qui inquiète le président Ouattara, qui aurait préféré que cette question se règle en interne.
La Cour pénale internationale (CPI) veut ouvrir une enquête sur les crimes commis tout au long de la crise postélectorale. Le procureur Luis Moreno-Ocampo a annoncé le 3 mai que ses services entendaient adresser une demande à la chambre préliminaire en vue de l'autoriser à ouvrir une enquête sur des"massacres commis de façon systématique et généralisée". Les crimes et autres violations graves des droits de l'homme perpétrés à la suite du contentieux électoral pourraient donc faire l'objet d'une procédure judiciaire à l'échelle internationale. 

La saisine de la CPI répond au vœu des nouvelles autorités ivoiriennes de faire la lumière sur tous les crimes et violations des droits de l'homme commis lors de la crise postélectorale. Le nouveau chef de l'Etat, Alassane Ouattara, s'était en effet engagé à porter l'affaire des massacres, notamment ceux perpétrés à Duékoué [fin mars, plusieurs centaines de civils ont été tués dans cette ville de l'Ouest], devant la CPI. Le 13 avril, il avait déclaré au cours d'une conférence de presse : "Ces massacres sont inadmissibles, indignes. [...] Je suis révolté. [...] Je ferai tout pour que ces condamnations soient un exemple, non seulement pour les Ivoiriens, mais aussi pour l'Afrique et le monde entier." Avant lui, le Conseil de sécurité de l'ONU avait pratiquement invité la CPI à se pencher sur les crimes commis en Côte d'Ivoire. Dans la résolution 1975 adoptée le 30 mars, le Conseil a en effet estimé que "la Cour pénale internationale peut, en se fondant sur le paragraphe 3 de l'article 12 du Statut de Rome, décider de sa compétence concernant la situation en Côte d'Ivoire", vu que "les attaques qui se perpètrent actuellement en Côte d'Ivoire contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l'humanité et que leurs auteurs doivent être tenus pour responsables au regard du droit international..." Bien que la Côte d'Ivoire n'ait pas ratifié le traité de Rome, le Conseil de sécurité semble donc avoir décidé de mettre en mouvement la CPI. 

Hôtel du Golf, on ne cache pas la volonté de faire payer aux responsables et bras séculiers de l'ancien régime les crimes qu'ils sont suspectés avoir commis. Des responsables militaires aux "jeunes patriotes", en passant par les pontes de l'ex-parti au pouvoir, et même des journalistes accusés d'avoir préparé les esprits à commettre des exactions, tous sont dans le viseur des nouvelles autorités. "En tout état de cause, le gouvernement tient à assurer, une fois de plus, les populations que la justice poursuivra son cours et qu'aucun crime ne restera impuni", a prévenu le gouvernement au sortir d'un conseil tenu le 3 mai. 

Mais le recours à la CPI pourrait se retourner contre le camp Ouattara. Tous ceux qui rêvent d'une justice sélective pourraient être déçus par le procureur Moreno-Ocampo. A moins d'avoir reçu pour instructions de ne s'intéresser qu'aux crimes et forfaits perpétrés par le camp des vaincus, le juge argentin serait amené à plancher sur tous les crimes, d'où qu'ils viennent. Au plus fort de la crise postélectorale, le procureur de la CPI avait du reste mis en garde toutes les parties impliquées dans les affrontements postélectoraux, qu'il condamnera sans discrimination. "S'ils commencent à tuer des gens, alors c'est un crime et nous engagerons des poursuites contre eux. [...] Nous n'avons choisi aucun camp dans cette affaire. Quiconque se rend coupable de cela, quel que soit son bord, sera poursuivi", avait-il prévenu en décembre 2010 dans une interview sur France 24. Quand les massacres de Duékoué ont été portés à la connaissance de l'opinion internationale, le même Moreno-Ocampo a de nouveau donné de la voix. Son bureau, avait-il soutenu, était "extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation en Côte d'Ivoire, et notamment par les meurtres qui auraient été perpétrés dans l'ouest du pays, d'après les renseignements qui lui ont été récemment communiqués". Or des organisations internationales des droits de l'homme avaient accusé les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), combattant pour le compte du président Alassane Ouattara, d'être en partie responsables de ces tueries. C'est dire que l'épée de la CPI peut s'abattre également sur certaines têtes fortes du camp Ouattara. Le procureur Moreno-Ocampo pourrait en effet être tenté de fouiller dans les placards pour en ressortir les cadavres que des partisans de Ouattara y auraient cachés. Il pourrait notamment faire la lumière sur les massacres de Duékoué, la mort de Désiré Tagro (ministre de l'Intérieur de Gbagbo) et celle du sergent-chef IB (dissident du camp Ouattara).

Source: Courrier international
Visitez le site du Courrier international

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