- Back to Home »
- AFRIQUE , Coopération , Démocratie , F. Hollande , France , France-Afrique , Francophonie , Gouvernance , N.Sarkozy , Politique »
- France-Afrique| "L'heure est au partenariat véritable"
Posted by : Palabre-Infos
18 mai 2012
Dessin de Glez (Burkina Faso) réalisé en 2010, année du cinquantenaire des indépendances de quatorze anciennes colonies françaises. |
Dans ce texte aux accents lyriques, le mensuel panafricain Le Quorum se réjouit, comme beaucoup d'autres, de la présidence de François
Hollande. Et constate avec ironie que Guaino, auteur du très contesté
discours de Dakar, ne sera pas resté longtemps dans l'Histoire !
Le vent du changement politique, tel un fameux mai 1981, vient de
souffler à nouveau sur l'Hexagone et ses prolongements outre-mer, y
compris dans le grand espace du pré carré étendu à la savane désertique
et à la forêt luxuriante.
Hollande en France : l'homme ordinaire,
normal, en opposition avec la politique-spectacle. Le candidat
socialiste devenu le septième président de la Ve République, le second originaire de la gauche.
Nouveaux
acteurs, nouvelles sensibilités et nouvelles... ou vieilles amitiés : un
jeu de chaises musicales est annoncé, tant dans l'Hexagone
que sur l'échiquier africain. Une mauvaise nouvelle pour certains réseaux, qui présage de vives turbulences.
Adieu la Françafrique... et la France-à-fric ?
Adieu Guaino le conseiller qui n'a pas su conforter et maintenir son entrée dans l'Histoire.
Adieu Guaino ! L'Histoire africaine vouera aux oubliettes nauséeuses son inspiration du discours de Dakar.
Adieu
Guaino qui a induit le sympathique Sarkozy en erreur, adieu
à celui-là même qui invita tout un peuple à la modération, le 6 mai 2012.
L'auteur du tristement célèbre discours de Dakar n'ignore pas, en
homme perspicace, que les mots et recommandations n'ont de sens que si
on se
les applique à soi-même. Qu'à cela ne tienne !
La donne a fondamentalement changé
Malgré les
turbulences, les espoirs naissent, car, avec un nouveau locataire
élyséen jouissant d'une présomption de virginité africaine, tout pousse à
croire que les cellules et autres cercles de diplomatie parallèle vont
s'évaporer, avec une rupture du rapport dominateur, paternaliste et
moralisateur. Un nouveau départ et une nouvelle espérance partagée ? D'aucuns voire beaucoup restent dubitatifs et sceptiques.
L'autre
face de la médaille à laquelle beaucoup d'élites, tant françaises
qu'africaines, ont du mal à s'accoutumer, c'est l'évolution des
mentalités, des circonstances, des attitudes et des enjeux. L'Afrique
a aujourd'hui des Etats de plus en plus jaloux de leur souveraineté.
Des générations et des élites décomplexées, n'ayant pas connu la
décolonisation, ayant été formées dans les mêmes écoles et universités
que leurs collègues, amis et homologues français, arrivent de plus en
plus aux affaires.
La donne a fondamentalement changé malgré les insuffisances observées, et le sillon de la
mutation relationnelle continuera à être tracé et à s'approfondir.
L'heure
est au partenariat véritable, au banquet du donner et du recevoir comme
aurait dit le poète académicien.
L'heure du partenariat gagnant, gagnant est venue. Le monde contemporain s'accommode de moins
en moins de l'arrogance, du mépris et de la dialectique dominant-dominé.
Cela suppose que le
continent puisse prendre résolument son destin en main. La dépendance
n'est pas une fatalité pour un continent qui abrite les
plus importantes richesses, matérielles et humaines, dont le monde a besoin.
Le respect mutuel pour en finir avec la Françafrique
Le
respect mutuel sans rapport de vassalisation, la coopération juste,
vraie et équitable sont des principes d'avenir. En France comme
partout ailleurs, ce sont les peuples qui se déterminent et se
détermineront de plus en plus en fonction de leurs attentes, de leurs
valeurs, de leurs idéaux et de leurs intérêts.
Nul ne changera autrement la Françafrique, ni par un décret de mort, ni par quelques incantations. Adieu
les chantres d'une Europe prisonnière de ses propres frontières, loin
de l'épouvantail africain et à l'écart de l'invasion musulmane ô
combien fantasmée !
La présomption et la réalité démocratique restent fragiles sur le continent africain et exigent une vigilance permanente.
Tous
les empêcheurs de tourner en rond, présidentiables, hauts gradés
républicains, démocrates, simples citoyens ou dirigeants non
conformistes et soucieux des intérêts de leurs pays sont coupables.
Coupables
ici de constituer une menace aux velléités putschistes de soldats
sortis d'on ne sait où et désireux de remonter l'histoire de la
démocratie à reculons.
Coupables ailleurs de ne pas se soumettre au diktat de cercles vicieux sans aucune légitimité.
Coupables aussi d'avoir des parcours inédits et d'être atypiques.
Coupables tout simplement par présomption car jugés turbulents ou incontrôlables.
Jugeons les uns et les autres par les actes qu'ils poseront.
Jugeons à l'œuvre, rien qu'à l'œuvre, sans colportages, ni inventions, ni amalgames !
Alors, et seulement alors, l'espoir reste permis.
Lu sur: courrierinternational