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Posted by : Palabre-Infos 20 févr. 2013


Monsieur le Président,

L’histoire est en marche inexorable, imposant à chaque peuple et à chaque nation ses lois implacables. Tel le soleil, il n’est donné à aucun dirigeant  quelque charismatique, ou manœuvrier  qu’il soit d’en empêcher l’avènement et l’éclat. Plus on s’efforce en de veines  gesticulations de s’opposer au lever du soleil, à l’affirmation de la vérité, plus on a de chance de se brûler les doigts et le visage donc de s’écarter de la voie de la raison en se rapprochant d’autant de celle de la perdition.
Le soleil, la vérité et l’histoire se confondent aujourd’hui en une seule et unique réalité qui a pour nom « Démocratie ». Le monde en général et l’Afrique en particulier se sont engagés dans un processus devenu irréversible parce qu’impliquant la conscience de peuples trop longtemps tenus à l’écart de l’assomption de leur destin quand bien même leurs dirigeants prétendant gouverner à leur nom. 
 Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple a servi d’alibi pour maints gouvernements pour ballonner  leur peuple, s’enrichir sur son dos et le réprimer  pour soi-disant  maintenir  « l’ordre » en fait pour se maintenir pendant des décennies au pouvoir pour le plus grand malheur du peuple.
Aujourd’hui les peuples se réveillent, revendiquent leur véritable place  dans la détermination et la définition du système de gouvernement qu’ils entendent se donner, exigent la construction de garde-fou pour limiter dans le temps et dans l’espace les pouvoirs et les appétits de leurs gouvernants afin de se prévenir à jamais contre les pouvoirs solitaires, autocratiques, dictatoriaux qui ont réduit maintes nations à l’état de mendicité tant le dénuement est incommensurable.
En voulant s’assumer désormais en se donnant les dirigeants de leur choix, les peuples instaurent partout le seul système à même de respecter cette volonté du peuple : La Démocratie.
Monsieur le Président,
L’histoire n’a d’intérêt que si sa lecture et son analyse permettent d’en tirer des leçons bénéfiques. 
 Les événements qui se déroulent sur notre continent depuis 1990 et en ce début de 1991 sont pleins d’enseignements. Tous les pays, un à un, chacun selon son style et ses modalités propres empruntent le chemin de la démocratisation qui implique l’instauration du multipartisme intégral, l’organisions d’élections libres afin de permettre au peuple de choisir ses dirigeants  à tous les niveaux (Président de la République, députés, Maires des Communes Urbaines et rurales…).
Mais comme le faisait remarquer un journaliste de RFI récemment, chacun des  pays qui se sont engagés dans le processus de démocratisation y est parvenu à la suite d’émeutes sanglantes avec leurs lots de morts, de blessés et de handicapés à vie. Ce processus n’est pas une fatalité. Tout dépend des dirigeants. S’il ya chez eux la sincère  volonté d’engager leur pays dan la voie de la démocratisation, la voie de la violence aveugle peut être évitée.
Monsieur le Président,
Il n’est pas nécessaire que les Guinéens paient leur tribut en morts et en blessés par dizaines pour qu’ils aient le droit de goûter aux délices de la démocratie universelle.  
Vous pouvez, si vous le voulez, faire éviter à notre pays et à notre peuple l’hécatombe que ne manquera de provoquer votre refus prolongé de procéder à l’ouverture démocratique dont un moment, vous vous étiez fait le pilonnier en Afrique lorsqu’en 1989 vous annonciez le bipartisme pour la Guinée.
Mais depuis, vos promesses se sont réduites comme une peau de chagrin pour s’évanouir au travers d’une Loi Fondamentale qui ne donne de chance aux Guinéens d’être au diapason démocratique que dan 5 ans.
La Loi Fondamentale, tout comme les récentes élections municipales organisées à Conakry apparaissent ainsi comme des manœuvres pour retarder l’avènement du multipartisme en Guinée tout en donnant l’impression de donner la parole au peuple pour le choix de ses dirigeants municipaux.
Toute manœuvre, aussi subtile soit-elle  qui tendrait à occulter la réalité afin d’échapper à un processus irréversible ne peut qu’accroitre, en l’aggravant, l’impatience de notre peuple.
Monsieur le Président,
Diriger c’est prévoir, c’est dans tous les classiques de Sciences politiques. Vous devez prévoir au regard de ce qui se passe autour de la Guinée et dans le monde (toutes choses qui influencent directement les événements internes à la Guinée) jusqu’où peut aller l’acceptation par notre peuple de la plate-forme actuelle qui lui est imposée par la Loi Fondamentale dont nous avons dénoncé en son temps les conditions « d’adoption » dans un vote où la fraude était la règle et la régularité l’exception. Mais là ne se situe pas notre propos d’aujourd’hui.
Notre propos est de vous amener à une claire vision des réalités auxquelles il serait souhaitable que vous vous adaptiez au plus vite afin que l’Histoire, bien triste il est vrai, de certains pays voisins ne se répète pas en Guinée.
Vous avez dû mesurer ou conduit l’entêtement de certains de vos anciens collègues aujourd’hui rejetés par leur peuple et promis au jugement impitoyable de l’Histoire. L’exemple est à méditer.
Monsieur le Président,
Les Guinéens seraient-ils trop tard venus sur la scène politique pour qu’on leur serve la Démocratie à dose homéopathique ? Les Guinéens seraient-ils si immatures pour qu’on leur fasse un stage politique de 5 ans à une Ecole de la Démocratie ? Les Guinéens seraient-ils si peu aptes à assimiler les leçons de démocratie qui faille craindre pour eux les dérapages qui ne se sont pas produits ailleurs ? A toutes ces questions,  la réponse est évidement  « non ».
Dans l’hypothèse, hautement improbable, où les Guinéens accepteraient d’attendre 5 ans encore pour accéder au multipartisme et aux élections libres, leur pays, en 1995, appartiendrait à la préhistoire de l’Afrique, et ressemblerait à une sorte de fossile politique juste bon pour être cité comme contre exemple des pays qui avancent sur le chemin du progrès.
Les Guinéens n’attendront pas 5 ans, Monsieur le Président. Vous le savez et vous pouvez  prévenir les soulèvements qui vont exiger du pouvoir la Démocratie pluraliste.
Le bon dirigeant est celui qui évite les malheurs à son peuple en restant à son écoute. Vous pouvez et devez éviter que les morts de novembre 1990 ne soient le ferment de soulèvements autrement plus importants qui deviendront inévitables si le pouvoir s’enferme dans une logique antipopulaire.
Monsieur le Président,
En termes simples, la balle est dans votre camp. A vous de jouer. La Guinée et le reste du monde vous observent.
Pour le R.P.G
Le Secrétaire Général
Alpha CONDE

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