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Guinée| Corruption et détournement: l'Etat doit faire la part entre l’escroquerie pure, le vol des deniers publiques et les trafiques d’influences.
Posted by : Palabre-Infos
17 févr. 2011
Elhadj Mamadou Sylla |
Le Gouvernement vient de publier une liste de ses créanciers Est-ce une tactique ou une erreur de la part du Ministère du contrôle financier ? IL est évident pour tous ceux qui s’intéressent aux dossiers des malversations financières de la Guinée que cette liste porte à confusion, parce qu’elle ne fait aucune différence entre les contentieux, l’escroquerie pure, le vol des deniers publiques et les trafiques d’influences.
Auteur : Par Ben Daouda Toure
Nous ne savons pas exactement quelles seront les futures démarches du Gouvernement, mais il y a surement une différence entre les opérateurs économiques incriminés et les fonctionnaires de l’Etat cités, qui étaient chargés de veiller sur « les caisses de la République ». Pour le commun des mortels, il n’est pas normal de citer Alssény Barry, Mamadou sylla, Mory Oulen Souare ou tout autre commerçant ou entreprise privée sur la même liste que des hommes comme Cherif Bah ,ancien Gouverneur de la Banque Centrale et Idrissa Thiam, Cheik Ahmadou Camara, Sékou Pinpong qui ont directement puisé dans les ressources de l’Etat, des départements dont ils étaient sensés gardés. Ils étaient des fonctionnaires de l’Etat au moment des faits et payés sur nos contribuables. Ne banalisons pas les crimes des Hauts Cadres. Il ne faut pas confondre des escrocs publiques qui ont puisé dans les caisses de l’Etat aux opérateurs économiques qui doivent de l’argent à l’Etat quelques soient les circonstances.
Il n’est pas aussi judicieux de confondre les contentieux financiers et les créances reconnues sans avertir l’opinion publique dans une affaire de recouvrement qui tient la Nation en haleine. Il serait normal de rappeler à l’opinion publique que beaucoup de sommes incriminées sur cette liste sont « des contentieux fiscaux et commerciaux », conséquence de l’absence de l’Etat que nous avions connu pendant 17 ans et qu’un conflit financier portant sur plusieurs millions de dollars ne peut être réglé en 30 jours. Nous pensons que cela est bon de faire savoir.
Le cas le plus « prestigieux » de ces contentieux est celui de Futurelec, qui a fait couler beaucoup d’encre, de salives et malheureusement de sang aussi avec les grandes grèves de Janvier 2007.
Pour Mamadou Sylla la Saga recommence.
Voici un rappel des faits sous la plume d’Abdoulaye Conde de la Nouvelle Tribune.
Bonne lecture :
AFFAIRE BCRG -MINISTÈRE DES FINANCES? FODÉ SOUMAH- MAMADOU SYLLA: LE GÉNÉRAL PRESIDENT LANSANA CONTÉ DOIT TRANCHER.
Le feuilleton de l’affaire dite bons de caisse de la BCRG, avec les échanges de courriers entre ses acteurs, continue de défrayer la chronique et de prendre même des proportions qui affectent dangereusement l’image de la Guinée et la crédibilité de l’Etat guinéen. D’autant gravement que tous les bailleurs de fonds et partenaires au développement qui accordent la plus grande attention à cette affaire ont désormais les yeux rivés sur la gestion de ce dossier. A ce titre, l’implication visible du chef de l’Etat est nécessaire pour tirer au clair et dans la transparence cette affaire et situer les responsabilités.
D’un côté le ministre de l’économie et des finances, Madi Kaba Camara qui réclame, au PDG du groupe FUTURELEC, la somme de 8.442.985 dollars qu’il considère comme un trop perçu et le gouverneur de la BCRG, Alkaly Mohamed Daffé qui exige, de l’ancien vice gouverneur, Fodé Soumah et du PDG du groupe Futurelec, le retour dans ses caisses de 18.119745 dollars et 3.628675 Euros sortis par le système de bons de caisse?.
En tout, l’Etat ou ceux qui le représentent chiffrent à plus de 30 millions de dollars les montants compromis. De l’autre, Elhadj Fodé Soumah, ancien vice gouverneur de la BCRG et actuel ministre de la jeunesse, des sports et de la culture, s’abrite derrière la lettre de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Cheick Amadou Camara et la reconnaissance du PDG du groupe FUTULEC, Elhadj Mamadou Sylla d’avoir été payé, pour clamer son innocence et le même PDG du groupe FUTULEC Mamadou Sylla qui insiste être dans ses droits au point de réclamer encore 30 millions de dollars l’Etat Guinéen.
Dans un sens comme dans l’autre, seul le général peut trancher. Historique d’un contentieux Cette affaire qui semble rebondir ces derniers temps ne date pas d’aujourd’hui. L’ancien gouverneur de la BCRG, Ibrahima Chérif Bah, en 2003, était déjà monté au créneau contre son vice gouverneur, Elhadj Fodé Soumah qu’il avait accusé d’user des bons de caisse pour des opérations irrégulières et des véhicules de la BCRG pour ses tournées politiques en faveur du plébiscité. Par rapport à cette situation, le gouverneur Ibrahima Chérif Bah, dans une note de service en date du 07 février 2003, avaient pris certaines mesures dont l’interdiction de toute sortie de fonds en valeur par des bons. Dans la même logique, il avait aussi interdit tout usage des moyens humains, matériels et financiers de la Banque à des fins non conformes à sa mission telle que prévue par la loi L/94/018/CTRN du 1er juin 1994, portant statut de la Banque Centrale?.
Réalisant cependant que les montants déjà sortis par le système qu’il venait d’interdire par sa note de service avait dépassé les 20 millions de dollars, l’ancien gouverneur Ibrahima Chérif Bah avait porté l’affaire devant l’arbitrage du Président de la République, le général Lansana Conté, à l’époque souffrant et retiré au village. Le chef de l’Etat, par rapport aux mesures prises, avait reconnu l’autorité du gouverneur et rappelé le vice gouverneur au respect de l’ordre hiérarchique. Cependant, en réaction à l’interdiction de l’usage des véhicules de la BCRG dans les manifestations politiques entreprises par le vice gouverneur, Elhadj Fodé Soumah, le général avait tout simplement mis à la disposition du parrain du PUP son hélicoptère personnel pour lui permettre de poursuivre son marathon politique à travers la Guinée. Politiquement, la réponse était éloquente. Sur l’autre aspect de la plainte de chérif Bah, c’est à dire le remboursement des montants déjà tirés des caisses de la BCRG, le Président de la République avait préféré responsabilisé son Premier Ministre de l’époque, Maître Lamine Sidibé auquel il avait confié le dossier.
Maître Lamine Sidimé, quand il avait regroupé les principaux acteurs autour d’une affaire aussi grave et sérieuse que la sortie jugée frauduleuse de plus de 20 millions de dollars par bons de caisse?, au lieu de chercher à clarifier les accusations et situer les responsabilités a, au contraire, voulu résumer l’affaire en un conflit personnel opposant le gouverneur Chérif Bah au vice gouverneur Fodé Soumah. Et que lui, en tant que Premier ministre de la République, a été changé par le chef de l’Etat de régler le différend entre deux frères?.
A cette façon de maître Sidimé voir le dossier, Chérif Bah s’était insurgé en affirmant n’être pas venu à la réunion pour régler un conflit personnel l’opposant à Elhadj Fodé Soumah avec lequel, dit-il, je n’ai aucun problème, mais pour que le Pµremier ministre use de son pouvoir et permette à la BCRG de récupérer ses fonds. De son côté, le vice gouverneur s’était défendu en arguant avoir agit sur ordre du ministre des finances, Cheick Amadou Camara.
Finalement, l’ancien Premier ministre, maître Lamine Sidimé, s’avouera incapable de trancher dans l’affaire. La saisie du Président de l’assemblée Nationale, Elhadj Aboubacar Somparé n’a pas permis non plus de situer les responsabilités. Finalement, le dossier a semblé s’être classé de lui même. Jusqu’au 1er mars 2004, date du décret présidentiel mettant fin aux fonctions de Chérif Bah à la BCRG.
Après son limogeage et sa mise à la retraite, en mars 2004, Ibrahima Chérif Bah avait exigé la clarification de l?affaire des bons de caisse avant toute passation de services du chef de l’Etat. ??Il n’est pas question, disait-il, que ce détournement soit imputé à ma gestion??. A cet effet, Chérif Bah avait encore tenté de voir le chef de l’Etat pour demander son arbitrage avant le passage de témoin à Alkaly Mohamed Daffé, son remplaçant à la tête de la BCRG. Seulement avait-il pu voir le chef de l’Etat ? Si oui, quelle avait été la réaction de ce dernier ?
Nul ne semble le savoir. Mais, lors du point de presse sanctionnant la toute première mission conjointe FMI/Banque Mondiale post remaniement ministériel du début d?année 2004, l’actuel gouverneur Alkaly Mohamed Daffé avait été interrogé sur l’affaire. Visiblement surpris et gêné par cette question, M. Daffé avait tout simplement textuellement répondu : << Ecoutez, j’ai hérité d’un héritage lourd, excusez-moi de ne pas répondre à votre question>>
LE REBONDISSEMENT:
Selon les indiscrétions qui circulent dans les couloirs de la BCRG, cette question et cette réponse du nouveau gouverneur avaient particulièrement retenu l’attention des membres de la mission conjointe FMI/BM et autres au point d’en faire du recouvrement intégral du montant compromis ou la justification du bien fondé de sa sortie l’une des conditionnalités de la reprise avec la Guinée. Depuis, dit-on, les nouvelles autorités de l’Institution monétaire nationale se sont aussi engagées à étudier le dossier et à entreprendre, au besoin, les démarches de récupération des fonds sortis.
Ainsi, après examen, à la BCRG, la conclusion a été tirée que l’opération des bons de caisse était irrégulière. Et il a été décidé de procéder au recouvrement. L’abitrage transparent du president pour trancher: Le Chef de l’Etat, dit-on, a donné sa bénédiction à l’opération de récupération des fonds. Pour les nouvelles autorités de la BCRG, l’ancien vice gouverneur, Elhadj Fodé Soumah n’était pas habilité à procéder au système de bons de caisse en faveur du PDG du groupe FUTUREL, Elhadj Mamadou Sylla et n’a même pas reçu d’instruction de l’ancien ministre des finances, Cheick Amadou Camara de régler les créances de l’homme d’affaires guinéen.
Dans cette logique, le gouverneur de la BCRG Alkaly Mohamed Daffé tient coûte que coûte au remboursement des montants incriminés. Pour le nouveau gouverneur de la BCRG, le fait que le nouveau ministre des finances, Madikaba Camara ne reconnaît pas et refuse de prendre en compte ces paiements effectués au compte du groupe Futurelec par l’ancien vice gouverneur, l’incite à entreprendre même des procédures judiciaires contre Fodé Soumah, ministre de la jeunesse et des sports afin d’obtenir le retour des fonds dans ses vides caveaux.
De son côté, le ministre des finances, Madikaba Camara (lire lettre) soutient que les créances du groupe FUTURELEC ont été déjà réglées par ses services et même de plus de 8 millions de dollars de trop. Aujourd’hui, l’Etat parle de double paiement en faveur de FUTURELEC qu’il reproche d’être coupable du recyclage de ses factures. A ce titre, par rapport aux deux réclamations de la BCRG et du ministère des finances, le montant réclamé s’élèverait à plus de 30 millions de dollars.
Elhadj Fodé Soumah, on l’a vu, se défend en disant avoir exécuté les ordres de l’ancien ministre des finances Cheick Amadou Camara. En disant surtout que le PDG du groupe Futurelec, le bénéficiaire, a reconnu avoir perçu les fonds sortis. Sur l’affaire, nous avons tenté d’interroger l’ancien ministre des finances Cheick Amadou Camara, que nous avons rencontré à l’aéroport de Conakry le vendredi 11 mars 2004. Ce dernier a dit refuser de mettre l’Etat dans la rue ,avant de lancer : « pensez-nous que l’Etat ce sont les articles de vos journaux ?.
A cette vision de l’ancien ministre, nous avons repliqué en disant Non monsieur le ministre, ce n?est pas un affaire de journaux, c’est une affaire d’argent de l’Etat qui a donné lieu à des échanges de courriers aux contenus parfois salés entre le gouverneur de la BCRG, le ministre des finances, le ministre des sports et le PDG du Futurelec. Et l’un de ceux là, Elhadj Fodé Soumah ancien vice gouverneur et actuel ministre de la jeunesse affirme avoir exécuté vos ordres?.
Qu’on s’en tienne donc à ça répond sèchement Cheick Amadou Camara, étrangement avare. L’ancien ministre des finances a cependant tenu à préciser : « Madikaba était chargé de la qualité des dépenses, et l’Etat c’est la continuité. Je n’ai rien à dire, ni à avoir dans cette affaires ».
De son côté, le PDG du groupe FUTURELEC, Elhadj Mamadou Sylla (lire lettre) a fait ses propres calculs et clame, haut et fort, que l’état guinéen, après déduction de toutes les sommes incriminées, lui reste devoir encore plus 30 millions de dollars. Pour Mamadou Sylla, quelle que soit la forme, c’est le montant qui compte. Sur ce terrain, il estime que l’Etat lui doit plus qu’il n’est perçu. Comme on le constate donc, chaque partie reste campée sur sa position et la confusion reste totale.
Mais la vérité est que seule l’implication visible et transparente du Président de la République en regroupant tous les acteurs du dossier pourra faire la lumière sur l’affaire. Le statu quo ne lui profitera point. Il ne pourra pas justifier un jour que ses proches ont été accusés, à tort ou à raison, de détournement et que cette accusation n’a été ni prouvée, ni démentie. La balle est donc dans le camp du général. Soit, Elhadj Fodé Soumah et Elhadj Mamadou Sylla ne sont pas coupables des accusations portées contre eux, il faut alors les blanchir. Soit, les deux proches du général sont coupables des faits à eux reprochés, auquel cas, ils ne doivent pas s’abriter sous son parapluie et bénéficier de sa protection, pour permettre à l’Etat de prendre les mesures qui s’imposent conformément à la loi pour rentrer dans ses droits. Pour éviter tout soupçon et toute interprétation, cet arbitrage devrait se faire dans la transparence totale.
Au moment où en France et dans les autres pays développés, la lutte contre la corruption est devenue une priorité, les ministres sont contraints à la démission à cause de montants relativement plus petits, soulever et laisser planer le doute autour d’un détournement, supposé ou réel, d’une somme de plus de 30 millions de dollars dans un pauvre pays africain, privé de concours extérieur, est suicidaire. Il faut donc faire la clarification. L’opinion, les bailleurs de fonds, sans verser dans aucune conclusion, s’inscrivent dans le même sens.
A suivre .
Abdoulaye CONDÉ
Directeur de la publication de '' La nouvelle tribune'