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- Cameroun| Biya à perpétuité – la démocratie peut attendre
Posted by : Palabre-Infos
30 oct. 2011
Paul Biya encore réélu à la tête du Cameroun |
Comme prévu, Paul Biya a été « réélu » pour un
sixième mandat avec près de 78% des voix à l’issue d’une mascarade
électorale. Aucune chancellerie occidentale n’a contesté le caractère
farfelu des chiffres annoncés. Pourtant, quand le conseil électoral
(Elecam) annonce un taux d’abstention de 34%, Transparency International
en comptabilise 70%. Cherchez l’erreur !
A quelques nuances près, les Etats-Unis, l’UE
et la France ne feignent plus, dans leurs communications officielles,
d’ignorer les difficultés du scrutin sans pour autant s’interroger
publiquement sur la reconduction au pouvoir de Paul Biya après près de
trente ans de règne. Des chancelleries qui ont, par ailleurs, été plus
promptes à critiquer l’attitude de l’opposition que celle du pouvoir en
place. Quant au gouvernement français, ses déclarations étaient
particulièrement ambiguës.
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, s’est ainsi appuyé
sur les rapports des observateurs de l’Organisation internationale de la
francophonie (OIF) et du Commonwealth pour juger « acceptable »
le déroulement du scrutin. Vaste plaisanterie quand le chef des
observateurs de l’OIF n’est autre que Pierre Buyoya, ancien chef de
l’État burundais. Un « démocrate » dont le passé de major, de putschiste puis de président à la botte de Paris rend l’expertise particulièrement pertinente. Celui-ci avait déjà sévi en 2009, en légitimant la pseudo élection présidentielle mauritanienne qui avait posé un vernis démocratique sur le putsch d’Abdel Aziz.
Quant au rapport des observateurs du Commonwealth, Alain Juppé fait
semblant de ne pas voir les nombreuses critiques qu’il contient sur le
scrutin et ses préparatifs. En substance donc, le gouvernement français
se contente d’un « vous ferez mieux la prochaine fois », ce qui
est un signe d’encouragement plutôt qu’une mise en garde en bonne et due
forme. Pire, le Quai d’Orsay se permet d’inciter les camerounais « à contribuer à l’après-scrutin dans un esprit responsable et constructif », c’est-à-dire à accepter cette mascarade, dont on suppose implicitement qu’un tel pays doit pouvoir se satisfaire.
La victoire de Biya est donc entérinée avec de vagues voeux
concernant le prochain scrutin législatif. Le fait d’annoncer que l’on
sera plus exigeant la prochaine fois, à l’occasion d’un scrutin certes
stratégique mais bien moins médiatisé au niveau international, est un
renoncement diplomatique sans surprise et une hypocrisie de plus quand,
par ailleurs, en Syrie ou en Libye, la diplomatie française n’a que le
mot démocratie à la bouche.
Source: Survie