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- ZOOM SUR 2011| Les 10 «losers» de l'année
Posted by : Palabre-Infos
3 janv. 2012
Image illustration: palabre-infos |
Avec une année 2011 aussi riche en événements, les prétendants au titre du perdant de l'année n'ont pas manqué. Il a été difficile de les départager.
La médaille d'or de ce palmarès revient tout de même de droit à la famille Kadhafi.
1) Dans la famille Kadhafi, je voudrais...
- Le père: Après 42 ans passés à la tête de la Libye, le leader déchu Mouammar Kadhafi, —qui était en fuite depuis la prise de Tripoli par les forces de l'Otan et les rebelles libyen en août 2011—, est capturé et tué le 20 octobre 2011 dans sa ville natale de Syrte.
Fin de règne pour le «roi des rois Africains» après tant d'années de dictature. Fin du Guide libyen et fin de la dynastie Kadhafi.
- La fille, le fils, l'autre fille, l'autre fils...: Sur les huit enfants de Mouammar Kadhafi, trois sont morts pendant la période des combats, (Mouatassim, Seif al-Arab et Khamis Kadhafi), deux sont réfugiés au Niger (Mohammed et Saadi Kadhafi), deux autres sont réfugiés en Algérie (les non moins sulfureux Hannibal et Aïcha Kadhafi), et le dernier, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité depuis juin 2011, a été arrêté en Libye.
Seif al-Islam s'était fait connaître lors de sa médiation dans l'affaire des infirmières bulgares libérées en 2007 après huit ans de détention en Libye. Il avait pourtant bien débuté cette année 2011 en tentant d'apparaître comme le réformateur de la famille. Mais on connaît le dicton, «chassez le naturel, il revient au galop». Accusé de plagiat pour sa thèse de philosophie à la London School of Economics, Seif al-Islam a également fait tomber le masque dans son propre pays. Du statut de réformateur, il est passé à celui de bourreau. En fuite depuis fin août, il a finalement été capturé le 19 novembre alors qu'il tentait de rejoindre le Niger. Il attend d'être jugé en Libye.
2) Ben Ali, Moubarak: «Dégage!»
«Dégage!» Six lettres, un verbe, un cri, des conséquences à l'échelle planétaire.
La médaille d'argent revient à égalité à deux autres dictateurs déchus: le Tunisien Zine El-Abidine Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak. Les deux dictateurs au pouvoir depuis plus de vingt ans dans leur pays respectif, la Tunisie et l'Egypte, ont tout juste eu le temps de se remettre des fêtes de fin d'année 2010 qu'ils étaient éjectés de leur siège doré par le peuple lors d'un printemps précoce.
L'un a dû se réfugier en Arabie Saoudite, —sans avoir le temps d'embarquer tous ses biens, mais heureusement, toute sa famille (les Trabelsi)—, l'autre s'est terré dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh.
Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir de 1987 à 2011, n'a pas refait surface depuis le 14 janvier dernier, date à laquelle il a foulé le sol tunisien pour la dernière fois. Il n'a pas assisté à ses procès qui l'ont tout de même condamné par contumace à 66 ans et demi de prison.
Il avait interdit le parti islamiste tunisien Ennahda en 1991 et avait fait emprisonner plus de 20.000 de ses membres. Il avait également interdit le port du voile dans les lieux publics. En octobre dernier, c'est ce même parti Ennahda qui a remporté les premières élections législatives démocratiques en Tunisie depuis la chute de Ben Ali. Dur, le retour de bâton.
Hosni Moubarak, le chef de l'Egypte de 1981 à 2011, a lui démissionné au 18e jour de la révolte populaire et a remis les pouvoirs à l'armée le 11 février 2011. Il a, lui, daigné assister à son procès qui a débuté le 3 août en Egypte et qui n'est toujours pas fini, reporté maintes et maintes fois. Le Raïs déchu est jugé pour son implication présumée dans la délivrance d'ordres de tirer sur la foule durant les manifestations. Ces violences ont fait officiellement près de 850 morts et Moubarak est passible de la peine de mort s'il est reconnu coupable. Les premiers jours de son procès ont été retransmis à la télévision nationale, mais les images d'un Moubarak malade, arrivant sur un brancard d'hôpital ont laissé perplexes les Egyptiens.
3) Ben Laden: Game over
Dans une autre catégorie, la médaille de bronze des perdants de l'année revient à celui dont l'annonce de la mort a fait frissonner la planète: l'ennemi public n°1 des Etats-Unis, Oussama Ben Laden. Le chef d'Al-Qaïda a été tué au Pakistan le 1er mai lors d'une opération commando des forces spéciales américaines après dix ans de traque. Une mort qui a fait polémique puisqu'aucune image de son corps, immergé en pleine mer pour éviter tout lieu de pèlerinage, n'a été publiée.
Ben Laden avait réussi à échapper aux États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2011, qui avaient fait plus de trois milles morts et avaient déclenché la guerre en Afghanistan. En Afrique, Ben Laden avait était jugé responsable des attentats à la bombe le 7 août 1998 dirigés contre les ambassades américaines de Nairobi au Kenya —213 morts, et de Dar es Salam, en Tanzanie —11 morts. La possible migration de la nébuleuse islamiste du Pakistan vers le Maghreb suscite de vives inquiétudes.
4) Fin de partie aussi pour Gbagbo
Laurent Gbagbo s'est lui aussi prêté au jeu du chat et de la souris. Il a parié, il a joué, il a perdu. Un cache-cache interminable qui a finalement pris fin à La Haye le 29 novembre 2011.
C'est le 11 avril 2011 que fut sifflée la fin de partie pour lui. Près de cinq mois après les résultats du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 qui avaient donné vainqueur son rival Alassane Ouattara, et près de dix ans après son arrivée au pouvoir en Côte d'Ivoire (2002), Laurent Gbagbo est arrêté par les Forces armées pro-Ouattara renforcées du soutien militaire de la France et de l'ONU. Caché dans son bunker, Gbagbo avait pourtant cru pouvoir tenir bon. Près d'un an jour pour jour après le début de la crise post-électorale ivoirienne, il est transféré au Tribunal pénal de La Haye dans la nuit du 29 au 30 novembre 2011, accusé de crimes contre l'humanité. Son lot de consolation? Ces partisans qui sont venus passer Noël avec lui à La Haye. La chaleur humaine, y'a qu'ça de vrai!
5) Morgan Tsvangirai, l'amoureux transi
De la chaleur humaine, c'est aussi ce que recherchait le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai en décidant de se marier en novembre dernier pour la deuxième fois après la mort de sa première épouse en 2009. Mais voilà, même lorsque l'on occupe une place d'envergure sur la scène politique zimbabwéenne, on peut avoir le cœur brisé. Morgan Tsvangirai a vécu un second mariage qui n'a tenu q'une douzaine de jours avec Locadia Tembo, une femme d'affaires d'Harare, la capitale du Zimbabwe.
«Les choses sont allées trop vite. Mon intention réelle a été trahie et mon coeur a dû faire un long et dur travail de réflexion pour déceler le vrai sens de ce drame qui a été bien chorégraphié et est maintenant détourné pour me causer des dommages politiques.»
Des dommages politiques causés par le fait que sa bien-aimée soit la sœur d'un député Zanu-PF, le parti de son rival Robert Mugabe, avec qui il a dû former un gouvernement de coalition en février 2009.
Depuis, cette histoire le poursuit. Car cette peine de cœur aurait pu s'arrêter là si les médias zimbabwéens n'en avaient pas fait leurs choux gras. Le Premier ministre est du coup devenu la risée du monde politique zimbabwéen, ce qui entache un peu plus sa crédibilité en vue de l'élection présidentielle prévue en 2012 au Zimbabwe. De plus, il a été condamné par une Cour traditionnelle zimbabwéenne pour ce mariage. En effet, l'ethnie shona à laquelle il appartient interdit de se marier en novembre. Selon la tradtion, cela porte malheur. On comprend pourquoi.
6) Les Bafana Bafana: l'équipe qui joue à qui perd, gagne
Combien d'équipes de football se réjouissent d'une qualification, qui est en fait, une élimination? L'équipe nationale de football sud-africaine, elle, l'a fait. Au coup de sifflet final d'un match décisif, les Bafana Bafana se sont auto-congratulés pour leur présumée qualification à la prochaine Coupe d'Afrique des Nations (CAN). En fait, ils venaient de perdre leur place pour la compétition.
Persuadés d’être qualifiés au terme de leur match nul contre la Sierra Leone, les Bafana Bafana se félicitèrent et portaient déjà leur regard vers la phase finale de la compétition continentale. Sauf qu'ils avaient omis de lire correctement l'article 14 du règlement de la CAF (Confédération africaine de football) qui mentionne qu'«en cas d'égalité entre plusieurs équipes dans un groupe, ce sont les rencontres particulières qui les départagent, pas la différence de but générale.» Du coup, c'est le Niger qui a décroché son ticket pour la CAN. Difficile à avaler pour le pays-hôte de la Coupe du monde de football 2010.
Ils n'ont pourtant pas été les seuls à créer la surprise en échouant aux portes de la prochaine CAN qui se déroulera au Gabon et en Guinée Équatoriale en janvier et février 2012.
7) Samuel Eto'o, capitaine d'un radeau à la dérive
L'équipe nationale du Cameroun a brillé par ses frasques cette année: annulation d'un match international au dernier moment, grève des joueurs, sanctions disciplinaires contre le capitaine, plainte pour rupture de contrat abusive déposée par le sélectionneur... Les Lions indomptables —surnom de l'équipe camerounaise— semblent avoir de plus en plus de mal à rugir ces derniers temps. A l'image de la dernière Coupe du Monde en Afrique du Sud où le Cameroun a perdu tous ses matchs, ils enchaînent les déconvenues.
Champion olympique à Sidney en 2000, vainqueur de la CAN en 2002 et 2004, le Cameroun a longtemps régné sur l’Afrique du football. A présent, c'est la chute. Symbole de la descente aux enfers des Lions indomptables, le capitaine Samuel Eto'o doté d'un ego surdimensionné a écopé, le 16 décembre dernier, d'une suspension de 15 matchs pour avoir boycotté la rencontre face aux Fennecs algériens en novembre.
Considéré comme l'un des meilleurs attaquants du monde, le footballeur fait aujourd'hui figure de diva, enchaînant les déclarations dédaigneuses.
«Les gens doivent plus me respecter et surtout fermer leur gueule. C’est toujours la veille d’une grande compétition que ces petits aigris se permettent de faire des déclarations.»
Il semble bien loin le temps du FC Barcelone ou de l'Inter Milan où il avait tout remporté: quatre Ballons d'or africains, trois Ligue des Champions, trois Ligas (le championnat espagnol), une Serie A (le championnat italien), et surtout, l'essentiel: le respect et l'admiration de ses supporters. Cet âge d'or est révolu...
8) Julius Malema, l'incompris
Le président de la Ligue jeunesse de l'ANC (Congrès national africain) est lui aussi sur le banc de touche.
A 30 ans, Julius Malema, personnage controversé du monde politique sud-africain, dérange de plus en plus. A commencer par le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma. En effet, Malema s'est fait remarquer ces derniers mois pour ses critiques à l'encontre du président sud-africain qu'il juge «trop mou», mais aussi et surtout pour son hostilité contre les blancs, déclarant notamment vouloir «mener une guerre économique contre la "minorité blanche" toujours privilégiée.» En septembre dernier, il avait été condamné pour incitation à la haine raciale après avoir chanté un chant anti-blancs intitulé «Tuez les Boers». Il est aussi contesté pour avoir demandé en juillet 2011 un changement de régime au Botswana voisin, l'un des rares pays de l'Afrique australe à critiquer le régime de Robert Mugabe, indéboulonnable président du Zimbabwe dont Malema fait régulièrement l'éloge.
Des déclarations sous forme de provocations qui mettent l'ANC dans l'embarras. Du coup, l'ANC cherche à se débarasser du jeune Malema. En novembre 2011, ce dernier a été reconnu coupable de semer la division au sein du parti au pouvoir en Afrique du Sud et s'est fait suspendre de ses fonctions de président de la Ligue jeunesse de l'ANC pour cinq ans.
9) Etienne Tshisekedi, l'éternel perdant
Depuis près de 30 ans, c'est l'éternel opposant en République démocratique du Congo (RDC). En 1980, il créé l'UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès social) pour rivaliser avec Mobutu. Ce n'est que peine perdue. Il s'attaque ensuite à celui qui renversa en 1997 le «léopard de Kinshasa», Laurent-Désiré Kabila. Puis, quand Kabila fils succède à son père en 2001, Etienne Tshisekedi persiste et signe.
Avec Joseph Kabila dans sa nouvelle ligne de mire, le Sphinx congolais n'hésite pas en 2011 à s'auto-proclamer président de la République démocratique du Congo (RDC) avant l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, et avant même l'élection tout court. Les résultats officiels de l'élection 28 novembre donneront vainqueur Joseph Kabila, juste devant Etienne Tshisekedi... Encore raté! Pourtant, le leader de l'UDPS ne lâche pas le morceau: il affirme qu'il prêtera serment devant ses partisans au stade des Martyrs, à Kinshasa. Mais le jour même, le vendredi 23 décembre, c'est de chez lui, dans le quartier de Limete à Kinshasa, qu'il fera son discours d'investiture... empêché par la police de sortir de son domicile.
10) Omar el-Béchir, le prochain soufflé par les vents de révolutions?
Au pouvoir depuis 1989, président de la République soudanaise depuis 1993, Omar el-Béchir est-il le prochain à tomber?
Certes réélu à la tête du Soudan le 26 avril 2010, le chef de l'Etat soudanais ne manque néanmoins pas d'opposants. Et a une sérieuse épée de Damoclès au-dessus de la tête. Avec deux mandats d'arrêts internationaux sur le dos, émis par la Cour pénale internationale, pour crimes de guerre et crime contre l’humanité au Darfour, Omar el-Béchir a aussi des raisons de s'inquiéter à l'intérieur même de son pays. L’opposition politique a décidé de s’unir sous le nom de «Forces du consensus national» avec un objectif unique: renverser Omar el-Béchir. Le parti Oumma et le parti du Congrès national populaire, qui proposent une démocratie fondée sur l’Islam, appellent ainsi à un «Djihad civique» contre le gouvernement.
Autre raison —non négligeable— de s'inquiéter, l'accession à l'indépendance le 9 juillet 2011 du Soudan du Sud. Les anciens leaders de la rébellion sudiste ont eu gain de cause après des décennies de guerre avec le Nord. Soudan du Sud 1 - Omar el-Béchir 0. La suite? Seule 2012 nous le dira.