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- CAN 2013| Pourquoi les sélections africaines ne misent pas sur les entraîneurs du cru
Posted by : Palabre-Infos
16 janv. 2013
Au petit jeu des pronostics, on peut déjà donner un tuyau aux
parieurs: l’entraîneur qui remportera la Coupe d’Afrique des nations,
qui débute ce dimanche en Afrique du Sud,
a davantage de chances de ne pas être africain. Non pas que les
techniciens européens ou sud-américains soient aux manettes de tous les
favoris de cette CAN, mais ils sont tout simplement majoritaires.
Sur
seize sélections engagées dans la compétition, seules sept sont dirigées
par des techniciens africains.
Remis au goût du jour avec la victoire de la Zambie du Français Hervé Renard
lors de la précédente édition, le mythe du sorcier blanc fait toujours
recette de l’autre côté de la Méditerranée. «On était déjà assez
nombreux lors de la CAN 2008 lorsque j’entraînais le Mali,
se souvient le technicien tricolore Jean-François Jodar. C’est assez
logique car il y a beaucoup de pays francophones qui cherchent des
entraîneurs français.»
«Ce complexe d’infériorité n’est pas propre au football»
Le cordon entre l’Afrique et l’Europe a du mal à être coupé. A l’initiative du projet Diambars,
chargé de former de jeunes footballeurs africains, l’ancien joueur de
Lens Jean-Marc Adjovi-Boco regrette cette faible représentativité des
entraîneurs du cru. «Les mentalités ont du mal à changer. La question
est: est-ce que l’on fait appel à des techniciens étrangers parce que
l’on manque d’entraîneurs locaux ou parce qu’on ne leur fait pas
confiance? Ce complexe d’infériorité n’est pas propre au monde du football mais aussi à celui de l’entreprise où l’on fait souvent appel à des dirigeants européens.»
Le problème est également symbolique. S’attacher les services d’un Claude Le Roy ou d’un Vahid Halilhodzic
fait office d’outil de propagande pour le pouvoir politique. «En
Afrique, le ministre des Sports est plus jugé sur les résultats de la
sélection nationale à la CAN que sur le nombre de stades qu’il
construits», résume Jean-François Jodar. Il est également plus compliqué
pour un entraîneur du cru de se détacher du contexte local. Dans
certains pays, le choix d’un technicien d’une certaine ethnie peut
froisser l’autre. Dans d’autres, les querelles de clocher demeurent. «Un
entraîneur issu de tel ou tel club y sera toujours rattaché, poursuit
l’ancien sélectionneur malien. On lui reprochera de prendre certains
joueurs», poursuit Jodar.
Des entraîneurs africains arrivent quand même à s’imposer. Le
Nigérian Stephen Keshi, jamais avare en critiques sur les sélectionneurs
européens, ou le Tunisien Sami Trabelsi ont réussi à s’imposer comme
prophètes en leur pays. «Beaucoup d’entraîneurs maghrébins ont une
formation à l’européenne car ils viennent y participer à des stages,
souligne l’international tunisien Alaeddine Yahia. J’ai évolué sous les
ordres de Roger Lemerre et de Sami Trabelsi, je n’ai pas vu énormément
de différences entre les deux méthodes de travail.»
Les pays les moins structurés ont un vivier encore trop faible pour
assurer une continuité nationale à la tête de la sélection. «Les seize
pays présents à la CAN ne peuvent pas encore tous avoir un sélectionneur
local, reconnaît Adjovi-Boco. Il faut mettre en place une véritable
formation des éducateurs. Est-ce que dans dix ans, on a encore envie
d’avoir une majorité de sélectionneurs étrangers à la tête des
sélections africaines?»
Source: 20minutes.fr