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- Lettre d’Hugo Chavez à l’Afrique| « Formons une patrie,un continent, un seul peuple »
Posted by : Palabre-Infos
25 févr. 2013
Frères et sœurs,
Recevez mon plus fervent salut bolivarien, unitaire et solidaire,
avec toute ma joie et de toute mon espérance dans le déroulement de ce
III° Sommet si attendu des Chefs d’État et de Gouvernement d’Amérique du
Sud et d’Afrique.
Je regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être
présent physiquement parmi vous pour vous réitérer, par une sincère
accolade, mon irrévocable engagement en faveur de l’unité de nos
Peuples.
Je suis présent, cependant, dans la personne du Chancelier de
la République Bolivarienne du Venezuela, le camarade Elias Jaua Milano, à
qui j’ai demandé de vous transmettre la plus vive expression de mon
amour pour ces continents qui sont plus que frères, unis par de solides
liens historiques et destinés à avancer ensemble vers leur rédemption
pleine et absolue.
Je le dis du plus profond de ma conscience : l’Amérique du Sud et
l’Afrique sont un même peuple. On réussit seulement à comprendre la
profondeur de la réalité sociale et politique de notre continent dans
les entrailles de l’immense territoire africain où, j’en suis sûr,
l’humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes et les
éléments qui composent le syncrétisme culturel, musical et religieux de
notre Amérique, créant une unité non seulement raciale entre nos peuples
mais aussi spirituelle.
De la même manière, les empires du passé, coupables de l’enfermement
et de l’assassinat de millions de filles et de fils de l’Afrique mère
dans le but d’alimenter un système d’exploitation esclavagiste dans
leurs colonies semèrent dans Notre Amérique le sang africain guerrier et
combatif qui brûlait du feu que produit le désir de liberté. Cette
semence a germé et notre terre a enfanté des hommes aussi grands que
Toussaint Louverture, Alexandre Pétion, José Léonardo Chirino, Pedro
Camejo parmi beaucoup d’autres, avec pour résultat, il y a plus de 200
ans, le début d’un processus indépendantiste, unioniste,
anti-impérialiste et reconstructeur en Amérique Latine et caribéenne.
Ensuite, au XX° siècle, vinrent les luttes de l’Afrique pour la
liberté, ses indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales,
Patrice Lumumba, Amilcar Cabral pour n’en citer que quelques-uns. Ceux
qui, dans le passé nous ont conquis, aveuglés par leur soif de pouvoir,
ne comprirent pas que le colonialisme barbare qu’ils nous imposaient
deviendraient l’élément fondateur de nos premières indépendances. Ainsi,
l’Amérique Latine et les Caraïbes partagent avec l’ Afrique un passé
d’oppression et d’esclavage. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes
fils de nos libérateurs et de leurs hauts faits , nous pouvons dire,
nous devons dire avec force et conviction, que nous unit aussi un
présent de lutte indispensables pour la liberté et l’indépendance
définitive de nos nations.
Je ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous avons l’obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels dans une même volonté d’unité et ainsi unis, donner vie à l’équation qui devra s’appliquer dans la construction des conditions qui nous permettront de faire sortir nos peuples du labyrinthe dans lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite, le capitalisme néo-libéral du XX° siècle.
Pour cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants pour
la coopération sud-sud comme l’ont été les deux ex présidents du Brésil
et de la Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da Silva et Julius Nyerere
dont les apports et les efforts ont permis, en leur temps, la mise en
place de magnifique forum pour une coopération solidaire et
complémentaire comme l’est l’ASA (1).
Cependant, les temps que nous vivons nous obligent à consacrer nos
plus profondes et urgentes réflexions à l’effort nécessaire pour
transformer l’ASA en un véritable instrument générateur de souveraineté
et de développement social, économique, politique et environnemental.
C’est sur nos continents que l’on trouve les ressources naturelles,
politiques et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la
planète du chaos où elle a été conduite. Faisons que le sacrifice
indépendantiste de nos ancêtres qui nous offre le jour d’aujourd’hui
serve à unifier nos capacités pour transformer nos nations en un
authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec le père Libérateur
Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté et sa gloire que par son
extension et ses richesses.
Les paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas
résonnent toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne
pouvons rien attendre si ce n’est de nous-même ». Cette pensée si
profonde renferme une grande vérité que nous devons assumer, j’en suis
absolument convaincu.
Notre coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique et
permanent qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de
développement soutenable vers le sud, vers nos peuples.
Quoiqu’en aucune manière nous ne nions nos relations souveraines avec
les puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne sont
pas elles qui sont la source de la solution totale et définitive pour
l’ensemble des problèmes de nos pays. Loin de l’être, quelques-unes
d’entre elles appliquent une politique néo-coloniale qui menace la
stabilité que nous avons commencé à renforcer sur nos continents.
Frères et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs
d’Etat et de Gouvernement de l’ASA, l’esprit de fraternité, d’unionisme
et de volonté qui a dirigé le déroulement de ce II° merveilleux Sommet
dans l’île de Margarita, au Venezuela, qui nous permit d’adopter
unanimement les engagements de la Déclaration de Nueva Esparta. Je
souhaite avec beaucoup de foi et d’espérance que nous puissions
récupérer à Malabo l’impulsion et l’effort de ce moment extraordinaire
pour notre processus d’unité, le Sommet de 2009, qui a montré autant par
sa fréquentation massive que par la quantité et le contenu des accords
atteints.
Depuis le Venezuela, renouvelons aujourd’hui notre plus ferme engagement dans le renforcement du Secrétariat Permanent de la Table Présidentielle Stratégique de l’ASA avec ses principales tâches et fonctions pour accélérer le rythme dans la consolidation de nos institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité dans notre travail conjoint.
Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde. Ce n’est pas un hasard, je le dis et je l’assume pleinement, que depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été victime des multiples interventions et des multiples attaques de la part des puissances occidentales.
Les nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute possibilité de solution politique et pacifique aux conflits internes qui ont commencé dans diverses nations d’Afrique, ils ont eu comme objectif principaux de freiner le processus de consolidation de l’unité des peuples africains et, en conséquence, de miner les progrès de l’union de ces états avec les peuples latino-américains et caribéens.
La stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de diviser
les nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre à des
rapports de dépendance esclavagiste. C’est pour cela que le Venezuela
s’est opposé, radicalement et depuis le début, à l’intervention
militaire étrangère en Libye et c’est pour le même motif que le
Venezuela réitère aujourd’hui son rejet le plus absolu de toute activité
d’ingérence de l’OTAN.
Face à la menace extra-régionale pour empêcher l’avance et l’approfondissement de notre coopération sud-sud, je le dis avec Bolivar dans sa Lettre de Jamaïque de 1815 : « Union, union, union, cela doit être notre plus importante consigne. » Notre Gouvernement renouvelle, en ce III° Sommet de l’ ASA dans cette république sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à avancer dans le travail nécessaire pour consolider notre coopération dans les secteurs que j’ai personnellement proposées à notre dernier sommet, dans la belle île de Margarita. Energie, Education, Agriculture, Finances et Communication continuent d’être nos priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur, l’Université des Peuples du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer que quelques exemples. Dans le secteur de la communication, nous proposons, depuis le Venezuela, que cet effort que nous avons réussi à mettre en place ensemble dans différents pays de l’Amérique du Sud, TeleSur, s’articule avec l’Afrique afin qu’il puisse accomplir depuis ces latitudes sa principale fonction : relier les peuples du monde entre eux et leur apporter la vérité et la réalité de nos pays.
Enfin, je veux renouveler à tous mon désir que les résultats projetés
lors de ce III° Sommet ASA nous permette de transformer ce forum en un
outil utile pour conquérir notre définitive indépendance en nous plaçant
à la hauteur de l’exigence de l’époque et comme le dirait le
Libérateur, le plus de bonheur possible pour nos peuples. Je suis un
convaincu, simple et obstiné, nous réussirons à mener à bien cette cause
que nos libérateurs et martyres nous ont transmise depuis des siècles.
Nos millions de femmes et d’hommes présentés en sacrifice pour leur
pleine et absolue liberté. Avec le père infini, notre Libérateur Simon
Bolivar, je dis une fois de plus : « Nous devons attendre beaucoup du
temps, son ventre immense contient plus d’espérance que de faits passés
et les prodiges futurs doivent être supérieurs aux anciens ».
Marchons donc vers notre union et notre indépendance définitive. En
paraphrasant Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un
continent, un seul peuple, à tout prix et tout le reste sera
supportable. »
Vive l’union sud-américaine et africaine !
Vive l ’ASA !
Jusqu’à la victoire toujours !
Nous vivrons et nous vaincrons !
Vive l ’ASA !
Jusqu’à la victoire toujours !
Nous vivrons et nous vaincrons !
Caracas, 22 février 2013.