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Posted by : Palabre-Infos 7 juin 2011


Cet après-midi (ndlr Lundi 06 Juin 2011), l'Afrique de l'Ouest sera au rendez-vous du procès de DSK, qui débute à 15h30. Les habitants de Guinée-Conakry, d'où est originaire l'employée de l'hôtel Sofitel qui l'accuse, suit de très près l'affaire. Au Sénégal, où séjourne sa mère, la pression est un peu retombée.

« Dans notre culture, la femme est sacrée »
Pour Abou Bakr, rédacteur en chef du journal satirique Le Lynx basé à Conakry, la journée est très importante, le procès sera suivi avec attention :
« Tous les Guinéens sont choqués par ce qui est arrivé. Dans notre culture musulmane, la femme est sacrée et la question de l'adultère taboue. »
Il est actuellement en route pour le village de Nafissatou D. pour recueillir la réaction de la famille, alors que le procès de DSK débute cet après-midi. Lorsque le scandale a éclaté, ce sont les médias qui ont averti la famille de la jeune émigrée :
« Le village est très isolé, à onze heures de voiture de la capitale. La famille n'était au courant de rien, c'est nous qui lui avons appris la nouvelle quand nous nous y sommes rendus pour la rencontrer. »

« La jeune femme est perçue comme calme et travailleuse »

Selon Abou Bakr, l'attention des Guinéens ne s'est donc pas relâchée :
« Tout le monde attend le jugement, c'est pour cela qu'on se rend au village. On est tous d'accord pour dire que DSK doit être jugé. »
La théorie du complot n'a pas beaucoup d'écho en Guinée, contrairement au Sénégal. Abou Bakr explique que personne ne remet en cause le sérieux de Nafissatou D. :
« Nous avons mené notre enquête, la jeune femme a une très bonne réputation, elle n'a jamais fait de vagues dans son village où elle est perçue comme calme et travailleuse. »
Le rédacteur en chef précise cependant qu'il n'est pas question pour son équipe de prendre partie :
« Nous n'avons publié aucun éditorial. L'affaire est trop sensible, nous attendons que la justice américaine fasse son travail. »

« Cela ternira l'image de la Guinéenne et de toutes les Africaines »

Au groupe de presse L'Indépendant-Le Démocrate, l'état d'esprit est le même. Samory Keïta, reporter pour ces deux magazines hebdomadaires, confirme que l'attention portée à l'affaire DSK est très soutenue :
« Ce qui découlera du procès sera dans l'intérêt de tout un pays, et non seulement d'une personne. Le monde entier a les yeux rivés sur nous.
Si cet homme politique plaide la relation consentie et que cela est reconnu, cela ternira beaucoup l'image du pays, de la femme guinéenne et même de toutes les Africaines à un plus large degré. »
La jeune femme appartient à la communauté Peul, groupe musulman d'Afrique de l'Ouest assez conservateur. S'il s'avère que DSK est condamné, le reporter affirme que sa famille sera heureuse. Sinon, elle risque d'être marginalisée :
« Le père de Nafissatou D. était un religieux et la relation sexuelle hors mariage, c'est un thème avec lequel on ne joue pas dans la communauté. Si on voit que les enfants ne suivent plus ses traditions, cela a forcément des répercussions. »
Le groupe de presse penche, comme Le Lynx, pour la bonne foi de la jeune femme. Ce qui l'intéresse particulièrement, c'est le « côté social » de l'affaire, le rôle de la femme et la problématique de l'adultère.
Selon Samory Keïta, les Guinéens se préoccupent peu de la dimension politique du scandale et des éventuelles théories du complot.

Au Sénégal, la pression est retombée

Et côté sénégalais ? « Dimanche, le Sénégal a joué au foot contre le Cameroun et c'est ça qui fait la une des journaux, pas l'affaire DSK ! », raconte Abdou Rahmane Mbengue, rédacteur en chef de l'hebdomadaire sénégalais Week-end. Il a feuilleté la presse du jour :
« Il y a beaucoup d'actualité aujourd'hui au Sénégal, nous sommes à quelques mois de la présidentielle et l'affaire DSK n'occupe plus les gros titres. A Dakar, dans le bus, au marché ou ailleurs, les gens n'en parlent presque plus. »
Selon le journaliste, la presse nationale consacrera tout au plus un « petit article » demain pour raconter l'audience de DSK.
Ce que les Sénégalais n'oublient pas en revanche c'est l'histoire de Yaye Dieynaba Diallo : l'étudiante dont la photo a fait le tour du monde, présentée comme étant la victime supposée de DSK. Les médias occidentaux ont été sévèrement critiqués lors d'une conférence de presse tenue le 26 mai dernier par son avocat à Dakar :
« Elle est traumatisée, victime de piraterie et d'utilisation abusive de son image, présentée comme atteinte de sida, toute cela relève des œuvres de l'opérateur Google et de France 24. »
La jeune femme a témoigné lors de la même conférence de presse :
« Je n'arrive plus à me concentrer sur mes études et je ne peux plus dormir plus la nuit. »

L'affaire Diombass Diaw influence l'opinion sénégalaise

Fatima Ouattara, présentatrice vedette de la RFM (radio généraliste populaire) estime que la majorité des Sénégalais penche plutôt pour la théorie du complot :
« Au Sénégal, nous avons aussi eu notre scandale politico-sexuel : l'affaire Diombass Diaw, à l'été 2010. Cet homme a été photographié nu par une femme soudoyée pour avoir des relations sexuelles avec lui.
Elle a touchée de l'argent de la part d'un ministre, ennemi de Diombass Diaw. Les Sénégalais sont influencés par cette affaire, ils font le rapprochement.
C'est pour ça que l'audience de cette après-midi fera un peu de bruit à Dakar, ça va raviver une attention éteinte. J'en parlerai avec le chauffeur la prochaine fois que je prends un taxi, quoi ! »

La mère de Nafissatou en « retraite spirituelle »

Le quotidien national Le Walf Adjri a rencontré la mère de la victime présumée, Nafissatou D. Elle vit en autarcie dans une maison au sud du Sénégal, où elle restera en retraite spirituelle jusqu'à ce que « DSK soit condamné ». On peut lire dans les colonnes du journal :
« Entre sa chambre et le salon, Hadja Aïssatou Diallo ne fait que prier, implorer Dieu, demander son soutien pour que sa fille retrouve très rapidement une vie normale, celle-là qu'elle a perdue depuis l'éclatement de l'affaire DSK. Car, pour elle, le dénouement pour sa fille peut venir de là, c'est-à-dire, la prière. »
Le rédacteur en chef du même quotidien, Ibrahima Anne, affirme qu'il n'y aura pas de couverture particulière de l'audience de DSK :
« On regardera les dépêches, rien de plus. »
Source: Rue89 - Judith Duportail et Marie Kostrz
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