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Posted by : Palabre-Infos 4 oct. 2011

LU SUR : L'OBSERVATEUR



28 septembre. Il n’y a pas si longtemps, cette date faisait encore la fierté des Guinéens. Mais ces derniers temps, l’anniversaire de l’indépendance du pays rime plutôt avec pleurs et grincements de dents, car au grand dam des héritiers de Sékou Touré, les démons du 28-Septembre n’ont  cessé de les hanter. On se souvient qu’il y a deux ans quasiment jour pour jour, les opposants au régime d’exception de Moussa Dadis Camara s’étaient rassemblés au stade du 28-Septembre pour protester contre la candidature du chef de la junte à la présidentielle. Nul n’oubliera le massacre à huis clos qui maculera cette journée.



Mardi dernier, à la veille de ce triste anniversaire, les Conakryka ont vécu une espèce de remake, mais cette fois, dans des proportions bien moindres : sous la bannière du collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, Cellou Dalein Diallo et ses alliés ont voulu protester contre les mesures prises dans la perspective des législatives de décembre prochain. La marche a bel et bien eu lieu en dépit de l’interdiction de son désormais adversaire irréductible, le président fraîchement élu, Alpha Condé.
Certes, il n’y a pas eu de carnage ce 27 septembre-là, mais on déplore tout de même deux ou trois morts selon l’une ou l’autre source et de nombreux blessés de part et d’autre.
Mais le pire des dommages, c’est la survenue d’une grave fracture politique qui oppose désormais les alliers d’hier. Alors passe encore si les clivages n’étaient que politiques ; malheureusement il se trouve qu’ils épousent les contours ethno-régionalistes de la Guinée. Et c’est là que réside le plus grand danger pour la nation.
Alors, ose-t-on se demander, est-ce qu'Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo seront à la Guinée ce qu'Alassane Dramane Ouattara et Laurent Gbagbo ont été à la Côte d’Ivoire, toute proportion gardée ? c’est-à-dire des adversaires si acharnés qu’ils en sont arrivés à y altérer la paix sociale, au point qu’aujourd’hui on y parle de vérité et de réconciliation.
En effet, on ne peut s’empêcher de remarquer un certain nombre de ressemblances : par exemple, Alpha Condé et Laurent Gbagbo, avant d’être élus à la magistrature suprême, ont tous deux eu des carrières universitaires. Opposants historiques, ils ont galéré et connu la prison et l’exil avant d’arracher le pouvoir de haute lutte.
Quant à Alassane Ouattara et à Cellou Dalein Diallo, ils sont tous deux des technocrates ayant fait carrière à l’internationale avant de rentrer au pays pour occuper les fonctions de Premier ministre.
Là s’arrêtent les ressemblances, car la Guinée n’est pas la Côte d’Ivoire, et les réalités socio-politiques diffèrent d’un pays à l’autre.
Et tandis que la lumière sur les évènements du 28 septembre 2009 tarde encore à venir, c’est avec beaucoup d’appréhension que les Conakryka ont entamé la journée d’hier, se demandant si les fantômes de la période d’exception n’étaient pas revenus les hanter.
La fracture est faite, et le sang a coulé. Entre alternance et finalisation de la transition, le fossé entre les Guinéens s’est creusé davantage. Il reste donc à penser les plaies et surtout, à trouver le remède dont le pays a besoin pour réduire cette fracture et parvenir enfin à parachever le long parcours vers la démocratie et la paix sociale.
H. Marie Ouédraogo

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