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- Débat Sarkozy-Hollande| avantage au PS, l'UMP évite le KO
Posted by : Palabre-Infos
3 mai 2012
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[François Hollande et Nicolas Sarkozy - huffingtonpost] |
Après la bataille du débat, la guerre du débrief. C'est donc sans
surprise que chaque camp s'est félicité hier soir de la "victoire" de
son champion à l'issue de la grande confrontation d'entre-deux tours qui
a opposé pendant plus de 2h50 François Hollande à Nicolas Sarkozy.
"Authentique et sincère", a jugé la porte-parole du président sortant,
Nathalie Kosciusko-Morizet. François Hollande "exceptionnel", a tranché
la première secrétaire du PS, Martine Aubry.
Qu'en a-t-il été vraiment? Une chose est sûre, le match au sommet
entre le challenger favori des sondages et le président sortant ne s'est
pas conclu sur un KO, comme c'est souvent le cas lors de ces joutes
télévisuelles, mais plutôt par une victoire à la volée au terme d'un
duel harassant, dense, technique parfois mais aussi vivant et animé.
Echange de noms d'oiseaux, petites phrases assassines,
chausse-trappes et croche-pattes ont en outre pimenté ce qui restera
comme un débat de bonne facture, dans lequel l'économie s'est taillée la
part du lion.
Après plus de deux heures d'échanges, difficile donc de dégager un
vainqueur sans arrêter un certain nombre de critères. Carrure
présidentielle, maîtrise des dossiers, petites phrases, exactitude des
faits avancés et stratégie politique sont ceux que nous avons retenu.
Dès le début du débat, les deux candidats ont prouvé à ceux qui en
doutaient qu'ils étaient prêts à en découdre. Profitant chacun de leur
minute d'introduction, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont su
exposer d'entrée de jeux leurs atouts et leurs arguments, et ce pendant
plus d'un quart d'heure. Pour être président, il faut "parler à tous, y
compris, ceux qui n'ont pas vos idées, (...) c'est peut-être ce qui fait
notre différence", a attaqué Nicolas Sarkozy. "Moi je ne distingue pas
le vrai travail du faux, les syndicalistes qui me plaisent et ceux qui
ne me plaisent pas", a rétorqué François Hollande.
Bilan des courses: un Nicolas Sarkozy maître de ses nerfs, et un
François Hollande en mode diesel mais prêt à monter dans les tours. Un
partout.
Du côté des amabilités, les deux candidats n'ont pas fait dans la
dentelle, même si l'invective n'a jamais cédé totalement la place à
l'insulte. Hollande: "Dans votre volonté de démontrer l'indémontrable,
vous mentez". Sarkozy: "Vous voulez moins de riches, moi je veux moins
de pauvres". Hollande: "Et les riches sont de plus en plus riches, et
les pauvres de plus en plus pauvres". Sarkozy: ""Vous avez vendu les
ouvriers de Fessenheim sur l'autel d'un accord méprisable."
Dans le brouhaha des petits coups bas, difficile de départager le
moins agressif, même si Nicolas Sarkozy avait clairement opté pour une
posture moins offensive que son adversaire.
Pris dans le feu de l'action ou acculé dans les cordes, chacun des
candidats s'est livré à un moment ou un autre à de réelles
approximations. Et d'après le décompte de la rédaction du HuffPost,
c'est bien Nicolas Sarkozy qui a enchaîné le plus grand nombre
d'inexactitudes, même si certaines ne l'ont été qu'à la marge. La plus
grave, probablement, fut son démenti catégorique d'avoir participé à une
soirée de levée de fonds en faveur de l'UMP, alors que des photos
attestent de l'existence de ce rendez-vous.
Plutôt à l'aise sur les questions économiques et internationales sur
lesquelles il était attendu au tournant, François Hollande a en revanche
semblé déstabilisé par un piège habilement tendu par Nicolas Sarkozy.
Après lui avoir fait dire qu'il maintiendrait les centres de rétention
destinés aux immigrés clandestins, le candidat UMP a brandi un
engagement du candidat socialiste pris auprès de l'ONG France Terre
Asile de faire de la rétention "une exception". Ambiguïté dont il a eu
quelque peu de mal à se dépêtrer.
François Hollande a toutefois réussi à regagner des points en critiquant
le lien effectué par Nicolas Sarkozy entre immigration, islam et
revendications communautaires. Une manière pour le candidat socialiste
de défendre une des propositions phares de la gauche, le droit de vote
des étrangers aux élections locales. Qu'il a assorti d'une promesse:
celle qu'aucune entorse à la laïcité ne serait tolérée pendant son
mandat.
On a peu parlé des questions internationales dans cette campagne, le
débat d'entre-deux-tours n'a pas beaucoup compensé cet oubli. Jugé plus
vulnérable sur ce thème, François Hollande s'en est plutôt bien sorti,
attaquant le bilan européen de Nicolas Sarkozy.
Le président sortant a néanmoins rappelé son adversaire socialiste aux
exigences de l'Union européenne. "M. Hollande ne connaît pas l'Europe",
a-t-il taclé avant de vanter son expérience et son bilan face à la
crise.
Ce fut probablement le passage le plus marquant des 2h50 de débats.
Interrogé sur sa conception de la présidence, François Hollande s'est
lancé dans un long soliloque, reprenant comme une antienne l'expression
"moi, président de la République". Plus surprenant encore, Nicolas
Sarkozy ne réagit pas, laissant son adversaire dérouler son
argumentaire. Un anaphore peut-être un poil trop long, mais ininterrompu
et qui restera probablement dans les annales des débats
d'entre-deux-tours.
En entrant sur le plateau, chacun des deux candidats avait un objectif
bien spécifique en tête. Pour Nicolas Sarkozy: "débusquer" son
adversaire afin de faire la preuve de son "incompétence" et de son
inexpérience internationale. "Je vais l'atomiser", avait promis Nicolas
Sarkozy à ses proches. Il n'en a rien été. Trop occupé à critiquer les
propositions de son rival, Nicolas Sarkozy en a oublié de promouvoir son
propre programme. Sa conclusion adressée directement aux électeurs de
François Bayrou et Marine Le Pen pourrait d'ailleurs se révéler
contre-productive, le candidat UMP cherchant à jouer sur deux tableaux
antagonistes.
Le candidat socialiste s'était lui assigné comme mission de sans cesse
renvoyer Nicolas Sarkozy à son bilan, réactivant tout au long du débat
les réflexes antisarkozystes capables de fédérer aussi bien la gauche
que l'extrême-droite. Sur ce point là, le débat semble définitivement
avoir tourné en sa faveur. Misant sur la carte du rassemblement,
François Hollande s'était également promis de dire aux millions de
téléspectateurs quel type de présidence il leur présentait pour les cinq
années à venir. En brandissant la carte de la jeunesse et de la
justice. Un choix fédérateur qui devrait le conforter dans sa position
de favori dimanche prochain.
Source: huffingtonpost