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- Internet| le djihad s'exprime en français
Posted by : Palabre-Infos
24 janv. 2013
Pour l’islamisme radical, qui est en plein
développement au Sahel, la langue de Molière pourrait prendre de
l’importance. Sur la Toile, le jihad s’explique aussi en français, afin
de ne pas épargner l’Afrique francophone et sa diaspora.
La propagande en ligne de l’islamisme radical n’est pas une donnée
nouvelle. Elle s’étale depuis de longues années sur les forums et, plus
récemment, sur les réseaux sociaux avec les Shebab somaliens et Ansar Eddine notamment.
Traditionnellement anglophone, surtout depuis le 11 septembre 2001, le
jihadisme numérique s'est également converti à la langue de Molière.
Alors qu’on dénombrerait quelque 5000 sites du genre dont seulement une
vingtaine en français*, ces derniers pourraient se multiplier avec
l’importance de plus en plus flagrante du Sahel, et donc de l’Afrique
francophone, pour l’islamisme radical.
Le juge Marc Trévidic, spécialiste de la question terroriste et auteur de Terroristes, les sept piliers de la déraison (JC Lattès, janvier 2013), redoute ainsi le lancement d’un « jihad individuel » au Mali.
« Jusqu'ici, le djihad était arabe et les candidats noirs traités avec
un peu de mépris par les islamistes », explique-t-il. « Avec le Mali,
l'émergence d'un "black djihad" est à redouter. »
Éléments de langage
Se présentant comme un « site islamique francophone », la plateforme
Ansar al Haqq est un bon exemple de cette propagande en ligne. « Ce
forum est ouvert à toute personne désirant acquérir de modestes
connaissances sur la religion authentique de l'Islam », explique le site
en page d’accueil.
Mais c'est un contenu beaucoup plus radical qui est accessible sans inscription préalable. Notamment les « communiqués officiels audios et vidéos de nos frères MujahidÄ«n », y compris Ansar Eddine qui y déclare « surveiller Bamako ». Si l’augmentation du nombre de sites liés à la situation du Nord-Mali est encore officiellement difficilement observable, le Mali occupe clairement, en ce mois de janvier, une place de choix dans les discussions. Mercredi 23 janvier, trois messages, parmi d’autres, ont d’ailleurs été postés sur le forum en rapport avec l’actualité malienne :
Mais c'est un contenu beaucoup plus radical qui est accessible sans inscription préalable. Notamment les « communiqués officiels audios et vidéos de nos frères MujahidÄ«n », y compris Ansar Eddine qui y déclare « surveiller Bamako ». Si l’augmentation du nombre de sites liés à la situation du Nord-Mali est encore officiellement difficilement observable, le Mali occupe clairement, en ce mois de janvier, une place de choix dans les discussions. Mercredi 23 janvier, trois messages, parmi d’autres, ont d’ailleurs été postés sur le forum en rapport avec l’actualité malienne :
- « L'incompétence des troupes africaines »
- « Le grand racisme de l'armée malienne »
- « Campagne médiatique de soutien au Mali »
- « Le grand racisme de l'armée malienne »
- « Campagne médiatique de soutien au Mali »
Et, dans ce dernier message, c’est tout un manuel de communicant qui
s’adresse aux supporteurs du jihad au Sahel. L’un des auteurs explique
ainsi à ces apprentis qu’ils doivent remplacer, quand ils partagent un
article de presse, les mots « guerre », « intervention », etc… par
l’expression « croisade française antimusulmane au Mali ».
Maintenir ces sites en ligne : un bon outil pour prendre la température
La France est donc en première ligne et n’échappe pas aux menaces,
que les membres du forum sont chargés de véhiculer grâce à des images
d’une subtilité douteuse, allant jusqu’aux photos de cadavres de soldats
occidentaux décédés.
Mais le danger est-il réel pour la France de voir se développer sur
ce genre de forums un islamisme radical et francophone ? A en croire les
services anti-terroristes, le risque est très faible. Au-delà de
diatribes anti-françaises, le pouvoir de nuisance de ces jihadistes
numériques ne dépasse sans doute pas la cacophonie nauséabonde.
Cependant, et c’est bien la raison pour laquelle
ces plateformes ont toujours pignon sur web, les services de
renseignement ne réclament pas leur fermeture. «Ils permettent de
prendre la température et déceler les profils les plus inquiétants »,
reconnaît ainsi une source au ministère de l’Intérieur, citée dans Le Figaro.
Avec la percée des jihadistes dans le Sahel
francophone, l’islamisme radical a réactivé des filières de recrutement
en France, dont l’importance reste encore à déterminer. Au moins trois
jihadistes de nationalité française ont ainsi été stoppés sur le chemin
du Nord-Mali en 2012 et on évoque au maximum quelques dizaines de
combattants actifs venus de France. Mais l’intervention militaire
décidée par François Hollande n’aidera sans doute pas aidé à minimiser
le phénomène.
*selon le chercheur Marc Knobel, qui publiait, en mai 2012, L'Internet de la haine.
Source: Jeuneafrique.com