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- Nafissatou Diallo | La nouvelle vie d'une millionnaire
Posted by : Palabre-Infos
24 janv. 2013
Nafissatou
Diallo vient de déménager pour gagner une luxueuse résidence, à une
demi-heure du Bronx. Elle aimerait aujourd'hui aller à l'école pour
apprendre à lire et à écrire.Nafissatou Diallo Paru dans
leJDD.Tremont-White Plains.
Pour Nafissatou Diallo, les trente-trois
minutes qui séparent ces deux stations de train de la Harlem Line ont
la magie d'un voyage de conte fantastique. De ces voyages qui vous
transportent de l'autre côté du miroir pour le meilleur et pour le
pire…
Il y a
quinze jours encore, la femme de chambre qui accuse DSK de l'avoir
violée dans la suite 2806 du Sofitel de Manhattan, le 14 mai 2011,
vivait sur Prospect Avenue, au sein de la communauté guinéenne du
Bronx, dans l'un des districts les plus pauvres de New York. Elle y
avait trouvé refuge depuis un an, anonyme, dans un immeuble miteux de
briques rouges. Elle vient d'emménager dans un luxury building avec
concierge, salle de sport et piscine, dans le riche et coquet comté de
Westchester.
Dans
le hall, le doorman, veste et cravate, filtre les entrées et annonce
les visiteurs. "Mme Diallo ne vous connaît pas. Elle ne reçoit pas.
C'est une résidence privée, vous devez sortir", commande-t-il après un
bref coup de fil à l'intéressée. La réponse est courtoise mais ferme.
Les résidents, qui paient plus de 3.000 dollars pour un studio, veulent
avoir la paix.
Elle vit avec sa fille
Withe
Plains, comme son nom l'indique, est une petite ville blanche,
résidentielle. Ici, ni petits commerces ni "délit" à chaque coin de
rue, mais des avenues désertes et un Macy's, le grand magasin américain
de référence. Les riverains ne se connaissent pas, circulent tous en
4x4. Les piétons semblent n'avoir qu'une destination, la gare. Des
cadres de la upper middle class qui travaillent dans Manhattan mais
n'ont pas les moyens de s'y loger confortablement.
Pour
Nafissatou Diallo, qui a maigri depuis ses dernières apparitions
publiques, White Plains est une étape; sa fille doit terminer sa
dernière année de lycée. Ses avocats voulaient la mettre à l'abri
d'escrocs appâtés par son million de dollars. Les deux femmes ont
emménagé à quelques blocs de la gare, qui les relie directement au
Bronx, où elles vivaient depuis près de dix ans. Un quartier qui leur
est soudain devenu hostile. Cette dernière année, Nafissatou Diallo ne
sortait plus de chez elle que cachée derrière de sombres lunettes et
coiffée d'un fichu. Ses anciens voisins sont aujourd'hui surpris
d'apprendre qu'elle a vécu à leurs côtés sans qu'ils le sachent. Mais
ses avocats lui avaient recommandé la discrétion. Et aujourd'hui,
Nafissatou voue à ces derniers, les seuls à l'avoir secourue, une
reconnaissance infinie ; surtout à Kenneth Thompson, l'impétueux avocat
noir qui brigue le poste de procureur de Brooklyn.
Trahie par les siens
Progressivement,
l'ancienne femme de chambre a rompu les liens avec les membres de sa
communauté et de sa famille, qui, lorsque le procureur de New York avait
décidé d'abandonner les charges pénales, l'avaient soupçonnée des
pires mensonges. "On l'a traitée de prostituée, de femme de voyou
impliqué dans un réseau de drogue, raconte un de ses proches. Elle
aurait voulu être plus soutenue par les siens. Aujourd'hui qu'elle a de
l'argent, ils reviennent tous, mais je crois que c'est trop tard." La
Guinéenne, débarquée avec un visa de trois mois aux États-Unis en 2004,
obligée de mentir pour obtenir un titre de demandeur d'asile, se
retrouve désormais à la tête d'un pactole inespéré pour une femme
mariée à 17 ans, en Guinée, à un vieil homme sitôt décédé, et exploitée
comme une esclave domestique par sa sœur en arrivant aux États-Unis.
"Pour
l'instant, elle passe ses journées chez elle et s'ennuie. Elle a
toujours travaillé et ne sait pas trop quoi faire d'autre, raconte un de
ses proches. Son projet serait d'aller à l'école pour apprendre à lire
et à écrire." Les épreuves des derniers mois ont renforcé ses
convictions religieuses. Selon ses amis, elle prie plusieurs fois par
jour et aurait été outrée qu'on lui prête l'intention de mettre fin à
ses jours. "Je suis une musulmane, leur a-t-elle déclaré, et dans ma
religion le suicide est interdit. Je dormais mal, c'est vrai, mais je
n'ai jamais voulu mourir."
LeJDD