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Posted by : Palabre-Infos 15 déc. 2010

Cellou Dalein Diallo
Après avoir observé un certain silence, Cellou Dalein Diallo commence à sortir du bois. Dans un entretien à Radio France Internationale (RFI), il a écarté toute possibilité de « venir à la soupe » avec Alpha Condé, nouvellement élu président de la République de Guinée. Il opte de manière décisive pour l’opposition et se positionne donc comme son probable chef de file.

Sitôt après son élection non sans contestations, le tout nouveau président, Alpha Condé, s’était en effet dit ouvert à toutes les sensibilités pour la formation de la première équipe gouvernementale de la nouvelle république. Dans un souci d’apaisement, il avait renouvelé sa main tendue à ses adversaires, les invitant à venir travailler à ses côtés dans un gouvernement d’union nationale. Selon l’un des directeurs de campagne de l’alliance Arc-en-ciel : "La tâche est tellement immense que toutes les compétences seront les bienvenues." Mais Diallo, son adversaire politique déclaré, n’entend pas le suivre dans une telle aventure. Comme s’il avait passé du temps à penser à demain, le vaincu au second tour du tout premier scrutin ouvert de l’histoire de la Guinée a poliment décliné l’offre.
En homme averti et pétri d’expériences, Diallo sait que ce premier mandat ne sera pas facile. Les attentes sont grandes et les Guinéens sont impatients de voir le changement s’opérer dans leur quotidien, particulièrement au niveau du panier de la ménagère. Et dans ce genre de situation, les délais de grâce ne sont jamais longs. Il faudra pourtant que le « professeur » et son équipe apprennent d’abord à mieux se connaître, à cerner les réalités du terrain, à posséder leurs dossiers puis à travailler ensemble. Dans son interview, Diallo s’est montré déterminé à conduire une opposition constructive.
Une bonne stratégie qui va de soi pour celui qui, il n’y a pas si longtemps, était en tête au premier tour du scrutin présidentiel. Diallo sait qu’il a le temps pour lui, surtout que la marge n’était pas si grande. La Cour suprême avait confirmé l’élection de l’opposant historique Alpha Condé à la présidence de la République, avec 52,52% des voix, contre 47,48% à l’ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo. Celui-ci a donc plus de chance de se positionner comme une alternative crédible.
Son analyse de la situation paraît bien valable si l’on se réfère à l’histoire de ces gouvernements d’union nationale sur le continent. La plupart ont toujours mal fini. Des éjections au moment le plus inattendu d’ailleurs, et pour des raisons le plus souvent banales, lesquelles ont toujours caché des desseins inavoués. Diallo semble donc avoir bien manoeuvré en déclinant l’offre d’Alpha Condé. Car, non seulement ce premier mandat sera difficile pour son adversaire, mais encore le « professeur » est vieillissant. Tout faux pas serait donc profitable à Diallo qui a déjà été chef de gouvernement sous le général Lansana Conté.
L’ère de l’ouverture démocratique lui donne des chances et il vaut mieux ne pas se presser et prendre les risques de devenir tout aussi comptable que son adversaire d’une gestion ratée de ce premier mandat de Condé. Toutefois, il faut espérer que le dépit ne se trouve pas à l’origine de la prise de décision de Cellou Dalein Diallo. En effet, la campagne pour cette présidentielle a été très dure. Mais il faut éviter de garder rancune les uns envers les autres. Surtout, ne pas se laisser entraîner dans des dérives identitaires comme certains acteurs politiques. Il faut désormais avoir l’esprit républicain et agir en conséquence.
Autrement dit, la parenthèse doit se refermer sur les épisodes sanglants du passé. D’autres se chargeront du dossier. La question reste aussi de savoir si Diallo et Condé auraient pu travailler ensemble au sein du même gouvernement. Rien n’est moins sûr. Diallo ne fait pas partie de ces opposants opportunistes qui rasent les murs à la recherche de strapontins pour piller les deniers publics et assurer leurs vieux jours. Il a de quoi se passer de portefeuilles gouvernementaux, contrairement à tant d’autres opposants africains. Mais Diallo parviendra-t-il à maintenir la discipline de parti au sein de sa formation politique ?
Par ces temps si difficiles, certains pourraient bien céder à la tentation d’aller à la soupe. Dans la même optique, on peut se demander si les différentes coalitions nées à la faveur des scrutins présidentiels tiendront vraiment le coup. En tout cas, le premier test du caractère républicain de Diallo se vérifiera le 21 décembre prochain. On verra si Diallo assistera à l’investiture de son adversaire d’hier, Alpha Condé. On se rappelle qu’au début de ce mois à Conakry, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, avait rendu "hommage" à Cellou Dalein Diallo. Le candidat malheureux à la présidentielle avait en effet reconnu la victoire de son adversaire, Alpha Condé. On attend qu’il poursuivre sur cette lancée.

Le Pays


Source: fassopress

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