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Posted by : Palabre-Infos 15 janv. 2011

Une travailleuse du sexe
Le fisc néerlandais, en quête de recettes en ces temps de déficit budgétaire, a décidé de taxer la prostitution, légale aux Pays-Bas et florissante notamment dans le célèbre quartier rouge d'Amsterdam.

Selon des estimations de la municipalité, Amsterdam compte environ 8000 prostituées, dont 3000 travaillant derrière des vitrines éclairées d'un néon rouge, exposées à la vue des passants. Le «Red light district», dans le centre de la ville, comporte également de nombreux sex-shops et maisons closes. La prostitution a été légalisée aux Pays-Bas en 2000, officialisant une politique de tolérance qui existait de longue date.

La prostitution et l'industrie du sexe, jusqu'à présent, étaient peu ou pas taxées. Mais le déficit public des Pays-Bas a atteint 6% en 2010. Le gouvernement a engagé un programme de réduction des dépenses et d'augmentation des recettes, afin de revenir à l'équilibre d'ici 2015.
«Nous avons commencé par les endroits plus grands, les maisons closes, et maintenant nous nous occupons des propriétaires de vitrines et des dames», commente Janneke Verheggen, porte-parole du Trésor public.
Le fisc a fait publier la semaine dernière dans les principaux quotidiens de la ville une note annonçant que ces dames recevraient prochainement des nouvelles du percepteur. «Des agents du Trésor public examineront avec vous les différents éléments de l'administration de vos affaires, tels que les tarifs, le recrutement (des clients), les horaires et programmes» de travail, explique ainsi le fisc. Ces éléments «seront utilisés à une date ultérieure pour évaluer vos revenus».
L'État ne compte pas se renflouer uniquement en taxant la prostitution. Mais, selon l'Office central des statistiques, cette activité génère un chiffre d'affaires annuel non négligeable de 865 millions $ US. La taxe devrait s'élever à 19 pour cent sur le montant de chaque «transaction», qui coûte en moyenne 65 euros pour 15 minutes.
Aux Pays-Bas, en outre, les revenus nets sont taxés à hauteur de 33 pour cent pour les salaires annuels inférieurs à 23 000 $ US et à 52 pour cent pour ceux supérieurs à 70 000 $ US. Selon un institut de recherche sur l'industrie, SOR, on estime que 40 pour cent des prostituées en vitrine, enregistrées auprès des autorités comme travailleuses indépendantes, paient déjà un impôt sous une forme ou sous une autre. Mais personne ne connaît le montant exact des sommes versées par les travailleuses du sexe.
Metje Blaak, qui dirige le Fil Rouge, un syndicat de prostituées, n'est pas opposée par principe à la taxation, mais note qu'elle pénalisera les professionnelles devant déjà payer des loyers conséquents. Au-delà, Metje Blaak pense que ces mesures s'inscrivent dans le contexte d'une société moins permissive que par le passé.
«Ce n'est pas qu'ils (les pouvoirs publics) essaient de nous terroriser. Ils font tout sous couvert d'empêcher le trafic d'êtres humains, mais la vraie raison, c'est simplement la volonté de garder les choses sous contrôle», ajoute-t-elle.
La municipalité d'Amsterdam a fermé en 2008 un tiers de ses maisons closes et nombre de «coffee shops» servant de la marijuana, afin de lutter contre la criminalité organisée et améliorer l'image de la ville. La municipalité, explique le porte-parole de la mairie Bartho Boer, n'a pas demandé la taxation des prostituées, mais soutient cette mesure. «Ceci contribue à lutter contre le trafic d'être humains et la coercition» des femmes, tout en «renforçant le contrôle du gouvernement», dit-il.
Les agents du fisc, selon Janneke Verheggen, ne sont pas mandatés par la police ni les autorités de lutte contre l'immigration clandestine. Mais, reconnaît-elle, ils les informeront s'ils constatent des situations manifestement illégales.
Les spécialistes ne sont pas d'accord sur le nombre de prostituées exerçant sous la contrainte d'un souteneur. Mais ils pensent que la plupart des femmes en vitrine travaillent aujourd'hui légalement: leurs passeports sont régulièrement contrôlés par les propriétaires des lieux, soucieux de ne pas perdre une licence d'exploitation désormais délivrée au compte-gouttes.
Certaines prostituées se demandent en tout cas combien l'État va pouvoir récupérer d'argent. «Comment peuvent-ils dire ce qui se passe, une fois le rideau tiré, combien de gens viennent et combien d'argent change de main? Peu de clients demandent un reçu», note l'une d'entre elles. - AP

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