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- France-Turquie| Hollande va devoir réparer les erreurs de Sarkozy
Posted by : Palabre-Infos
22 mai 2012
Les présidents Abdullah Gül (Turquie) et François Hollande (France) |
La politique de Nicolas Sarkozy, qui pendant les huit années où il a été ministre, secrétaire général de son parti et président de la République a guidé la droite française, a considérablement affecté les relations entre la France d'une part et la Turquie, l'Afrique, le sud de la Méditerranée et le monde musulman d'autre part. Sarkozy a ainsi gâché des rapports privilégiés, en créant de solides inimitiés. Le symbolique ministère de l'Identité nationale qu'il mit sur pied fut en quelque sorte le couronnement de la politique ouvertement raciste et discriminatoire qu'il avait mené lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.
Cette initiative visant à créer une sorte
d'identité
pure pour une société française pourtant métissée depuis longtemps et
dont
l'esprit repose, non pas sur le droit du sang, mais sur celui du sol,
n'a
certes mené nulle part. Mais elle a tout de même sérieusement secoué
l'équilibre de la société française. La défense par Sarkozy de la loi de
2005
vantant les bienfaits de la colonisation, l'insolence de son discours de
Dakar,
les propos antimusulmans et antiturcs qu'il sortait de son chapeau à
chaque
occasion, notamment électorale, sa politique immorale visant les
communautés
immigrées en France et les demandeurs d'asile ne seront pas oubliés de
sitôt.
Dans ces conditions, son successeur François Hollande, s'il entend
panser ces
plaies, va avoir beaucoup de travail.
Et, dans ce contexte, la Turquie a un rôle
important à jouer. Sarkozy s'est opposé de façon très explicite à
l'adhésion de
la Turquie à
l'Union européenne (UE), parfois de mauvaise foi, souvent par ignorance,
envenimant
ainsi les sentiments xénophobes et antimusulmans d'une opinion publique
qui
ignore complètement ce que représente le projet d'adhésion de la Turquie
à l'UE. Jamais une telle opposition ne s'est manifestée à notre égard
pendant tout le chemin de nos relations avec l'UE. Cependant, cette
hostilité
ne s'est pas limitée aux rapports entre la Turquie et l'UE, mais a
durement altéré les
relations bilatérales entre Paris et Ankara. Avant que le Conseil
constitutionnel ne l'abroge, la loi prévoyant de punir la négation du
génocide
arménien, que Sarkozy avait voulu imposer, avait ainsi amené les
deux pays au bord de la rupture diplomatique.
Derrière la négligence et l'ignorance de
Sarkozy se cache un problème qui dépasse de loin sa personne : la France dans ses relations
avec la Turquie
n'est pas encore parvenue à se débarrasser d'une approche orientaliste. Dans
ces conditions, elle ne parvient pas à la considérer comme un partenaire à part
entière. Et le nouveau président ne semble pas être en reste dans ce domaine.
En effet, les propos qu'il a tenus au Nouvel Observateur avant le premier
tour de l'élection présidentielle concernant l'adhésion de la Turquie à l'UE illustre
cette absence de vision politique sur ce sujet. Hollande a en effet tenu des
propos tout à fait creux, déclarant que la Turquie n'était pas encore prête pour l'adhésion
et qu'elle ne le serait pas pendant la période où il serait président.
Certes,
les socialistes français ne sont pas contre l'adhésion de la Turquie à l'UE. Il est
certain que le veto apposé par Sarkozy en 2007 à l'ouverture des négociations
sur les cinq chapitres décisifs [sur trente-cinq] par rapport à l'adhésion à
l'UE va être levé rapidement. Quoi de plus normal. Ce qui ne l'était pas,
c'était précisément ce veto. Il faut donc que les socialistes ne traînent pas
pour aller au-delà d'une attitude simplement neutre et pour jeter les bases
d'un vrai partenariat avec la
Turquie.
Source: courierinternational