Billets populaires

Posted by : Palabre-Infos 26 mars 2011


Vincent Bolloré, son groupe vient d'acquérir la gestion du port de Conakry

En fouillant un peu sur le net, je suis tombé sur cette interview d'une journaliste réalisée par RFI en septembre 2009. J'ai lu cette interview sur le site africapress.  Elle décrypte comment Bolloré tisse sa toile en Afrique la plus part du temps dans des pays pas très réglo et qui sont pour la plus part en grandes difficultés politiques et économiques. De la Côte d'ivoire au  Cameroun en passant par le Gabon, on apprend dans cette interview de la puissance de Bolloré et de son groupe en Afrique. Si le port de Dakar l'a échappé car les sénégalais ne sont pas dupes et ce du fait
des craintes qu'ils exprimaient face à l'attribution du port d'Abidjan à Bolloré en 2004 en pleine crise ivoirienne. Du coup la gestion du port de Dakar a été attribué à une autre société de Dubaï. Quant à la Guinée, la gestion du port de Conakry a été attribué à Bolloré sans procédure d'appel d'offre et l'on soupçonne Alpha Condé, le président guinéen d'avoir fait un geste de remerciement envers celui dont le groupe a soutenu en terme de communication lors de la présidentielle en Guinée en 2010.
Lisez ce qui suit:
Le groupe français Bolloré, leader africain des transports et de la logistique, a prodigieusement étendu son emprise sur tout le continent et pris le contrôle de nombreuses interfaces d’échanges clés dans les économies africaines. Dans une interview accordée ce 8 septembre à RFI, Martine Orange, journaliste auteur d’une très longue enquête consacrée aux stratégies mise en place par Vincent Bolloré pour acquérir les différents marchés de la logistique en Afrique, explique comment l’homme d’affaire a posé des verrous sur les principales sources de revenu des pays africains.
Le groupe Bolloré c’est quoi en quelques mots ?
«C’est beaucoup de choses. C’est un groupe familial détenu par un seul homme, Vincent Bolloré, présent dans de nombreux secteurs, aussi bien dans les médias, qui fait beaucoup parler, mais aussi dans le papier, dans l’industrie. Ca c’est en France, le papier étant l’activité d’origine puisqu’à l’origine c’était une entreprise familiale qu’il a reprise lorsqu’il avait une vingtaine d’années, qu’il a sauvé. Et puis il y a aussi toute les parties qu’on connaît moins bien qui sont toutes les parties de logistique, de transport, des plantations qu’il exerce surtout en Afrique.
Que pèse le groupe Bolloré ?
Officiellement c’est 5 à 6 milliards d’euros de chiffre d’affaire par an. Mais en fait c’est beaucoup plus puisqu’il y a des tas d’activité un peu partout dans le monde et qui ne sont pas consolidés au niveau du groupe. Donc en gros, le groupe qu’il détient à plus de 65%, c’est plus de 15 milliards d’euros par an.
Vous dites que la face cachée du groupe Bolloré est la plus importante ?
Oui, il y a toute une activité que l’on connaît bien, celle dont il parle souvent qui est donc le papier et les médias, à un moment il y avait aussi le transport maritime, etc. qui est l’activité connue et cotée en France. Et puis il y a d’autres activités, bien moins connues, qui apparaissent de façon tout à fait dissimulées dans le groupe, et qui sont elles plutôt basées en Afrique pour l’activité et au Luxembourg pour la finance.
Quelle est cette activité qui est basée en Afrique ?
Une des activités qu’il exerce depuis maintenant plus de vingt ans, toute l’activité de logistique portuaire, et qu’il a développé en faisant maintenant de la logistique pour les trains aussi un ensemble groupé. Il a pris maintenant le contrôle d’un certain nombre de ports en Afrique et plus ça va, plus il avance. Il y a d’autres activités, l’exploitation de chemin de fer, l’exploitation de négoces en tout genre avec par exemple le négoce du cacao en Cote d’Ivoire. Puis il a des activités de plantations. Là, ils les revendiquent moins mais néanmoins il est le premier actionnaire avec près de 40% du capital d’une société qui s’appelle Soxina qui a des plantations un peu partout en Afrique.
Sa présence en Côte-d’Ivoire ou au Cameroun est-elle due à un fait de hasard ou il a profité d’un événement particulier pour s’y implanter ?
Il y a un peu de hasard et puis après il a fait son chemin d’abord en reprenant un groupe qu’on connaît plus en France mais qui a été très important à un moment, qui était un groupe colonial qui avait développé des plantations aussi bien en Asie qu’en Afrique. Et c’était une richesse cachée, elle aussi, dont il a réussi par des manœuvres que je vous épargnerais parce que c’est très long et très compliqué, à s’emparer et c’était un groupe qui pesait plus de 25 milliards d’euros à l’époque quand il l’a repris. Et il a vendu toutes les activités en Asie où manifestement il ne se sentait pas à l’aise et il a développé les activités en Afrique.
Et quels sont les liens entre Vincent Bolloré et les pouvoirs politiques dans les pays où l’homme d’affaire possède des sociétés ?
Forcément très puissants parce qu’imaginez que vous êtes au Cameroun ou au Gabon ou en Côte-d’Ivoire et que vous avez d’abord les principales importations portuaires, il faut savoir que grosso modo 80% du PIB de Côte-d’Ivoire passe par le port, à la fois en importation et en exportation, donc quand vous contrôlez le port, vous contrôlez une grosse partie des finances de l’Etat.
C’est pareil pour le Cameroun, où il exploite le chemin de fer. Il ne s’intéresse pas tellement pour y transporter des voyageurs, il s’intéresse surtout à transporter les matériels nécessaires à l’exploitation du pétrole et des mines. Donc c’est assez vital pour le Cameroun ou pour le Gabon d’avoir tous ces contrôles de ressources minières et pétrolières. Il a à chaque fois des verrous assez importants dans les économies de chaque pays ce qui fait qu’il n’y a pas grand-chose qui peut se faire sans lui, mine de rien.
Ce qui lui ouvre les portes des dirigeants dans ces pays là ?
Totalement puisque de toute façon comme avant c’était des infrastructures d’Etat et que sous la pression du FMI dans les années 1990 on a privatisé largement toutes ces infrastructures, il s’est introduit dans tous les processus de privatisation, il a mis la main sur tous les dispositifs clés dont les flux logistiques et donc financiers des pays.
Est-ce qu’on peut le considérer comme une pièce importante dans le dispositif de ce que certains milieux appellent la «Françafrique» ?
Oui, je pense même si c’est pas la Françafrique telle qu’on l’imaginait avant. C’est pas Elf si vous voulez, mais il est dans le nouveau dispositif Françafrique oui. Je pense qu’il est difficile de s’opposer à lui ou de lui résister. Je pense que c’est un mélange de services rendus et d’intérêts bien compris de part et d’autres.
Comment expliquer les revers que Vincent Bolloré a essuyé depuis peu dans les pays d’influence française ? Je pense au port de Dakar et de Djibouti qui lui ont échappé…
Parce que justement il y a eu un certain nombre de personnes qui se sont émues. Déjà la procédure de privation du port de Côte-d’Ivoire en 2004 a même été critiquée par la Banque mondiale parce que cela a paru un peu gros, la façon dont on lui a donné la gestion de ce port. Cela a alarmé un certain nombre de gouvernements et c’est pour cela par exemple que le gouvernement sénégalais a préféré recourir aux services de la société de Dubaï plutôt que Bolloré».
© Source : rfi.fr

Leave a Reply

Dites ce que vous pensez de cet article ou de ce blog en général.

Subscribe to Posts | Subscribe to Comments

- Copyright © PALABRE-INFOS - PALABRE INFOS BLOG -