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Posted by : Palabre-Infos 30 nov. 2011

Le foot: une affaire de sous|
A partir de 2013, les clubs européens sont censés être soumis à une rigoureuse discipline budgétaire, pour assainir les finances et la concurrence. Mais cette réforme sera difficile à appliquer, alors que plusieurs grands clubs sont dépendants de richissimes mécènes.
Voici donc Manchester City presque aussi proche de la faillite que l'économie grecque. Avec près de 227 millions d'euros de pertes cette année, le club anglais [subventionné depuis 2008 par le richissime homme d'affaires Mansour bin Zayed Al Nahyan] semble n'avoir plus aucune chance de satisfaire aux nouvelles exigences de "fair-play financier" de l'UEFA dans la prochaine décennie. La conséquence logique, semble-t-il, devrait être son exclusion de la Ligue des champions par un bataillon de comptables aux ordres de Michel Platini, pour manquement total à la règle budgétaire. Enfin... pas tout à fait.
Dans le petit monde du football, les rumeurs vont bon train sur l'indulgence dont pourraient bénéficier les clubs les plus dispendieux, l'expulsion n'étant réservée qu'aux cas des récidivistes les plus graves. Les clubs ne savent toujours pas à quelles sanctions s'attendre. "Nous connaissons les règles mais personne n'a la moindre idée de ce qui se passera si elles sont enfreintes", expliquait il y a peu un haut responsable.
Une des possibilités consisterait à interdire la participation à la lucrative compétition europénne de tout joueur nouvellement arrivé pour la saison. Plus radicaux, certains ont suggéré l'interdiction des joueurs les mieux payés du club fautif. Ce serait là une punition adaptée au crime: après tout, c'est bien sur le salaire de ces stars que Platini essaie d'appeler à la modération. Cette décision pourrait toutefois nuire à la compétition qui se verrait privée de ses vedettes, et l'UEFA ne veut certainement pas de ça.
Michel Platini et l'UEFA ont donc la difficile mission d'imaginer des sanctions adaptées tout en préservant la crédibilité de l'organisation. Si l'imposition d'amendes semble être la pénalité la plus efficace, l'UEFA est parfaitement consciente de l'absurdité qu'il y aurait à faire payer des clubs qui dépensent déjà trop. Elle pourrait choisir de laisser les clubs dans l'ignorance le plus longtemps possible afin de ne pas envoyer un signal de faiblesse à des clubs tels que Manchester City.
Néanmoins, l'opinion générale est déjà que l'UEFA se montrera plus méchante en paroles qu'en actes. City espère donc que des décisions indiquant des "changements de cap" seront suffisants pour éviter les foudres de l'organisation. C'est ce que sous-entendait le directeur général du club, lorsqu'il déclarait la semaine dernière : "ces résultats représentent le point le plus bas des finances du club avant le retour à une situation assainie". En d'autres termes, qu'importe s'il enregistre encore plus de 110 millions d'euros de pertes en 2014, du moment que cela représente une amélioration par rapport aux 227 millions d'euros de 2011.
Mais il est extrêmement difficile d'imaginer comment certains clubs pourraient respecter les nouveaux critères de l'UEFA, même en se serrant la ceinture pendant plusieurs années. Il n'y a qu'à considérer l'exemple de Chelsea, qui en dit long sur la difficulté à se passer de "parrain". Cela fait cinq ans que le club essaie de réduire sa dépendance aux financements de Roman Abramovitch [le mlliardaire russe propriétaire du club londonien], mais il affiche encore plus de 82 millions d'euros de pertes cette année, même après avoir dominé les championnats nationaux et la première division.
Aujourd'hui, Michel Platini prépare son arsenal juridique en cas de confrontation avec certains clubs. Il a notamment demandé la protection de l'Union européenne contre toute procédure civile en cas d'exclusion d'un club, avec toutes les conséquences financières qu'une telle procédure impliquerait. "Je sais que les clubs vont nous poursuivre en justice", a-t-il déclaré récemment. "C'est la première chose qu'ils vont faire. C'est pour cela que je suis allé voir Jose Manuel Barroso [président de la commission européenne], pour lui demander une protection juridique. Que se passerait-il si nous devions exclure une dizaine de clubs et que chacun exige 10 millions d'euros de compensation ? L'UEFA devrait-elle fermer boutique ?"
En arriverons-nous jamais là ? L'UEFA semble vouloir se donner quelque marge de manœuvre sur l'imposition de ces sanctions mais en même temps, Platini doit clairement faire comprendre que ses règlements ne sont pas à prendre à la légère. La seule chose de sûre pour l'instant est peut-être que le fair-play financier sera une machine à créer des emplois d'avocats et de conseillers, capable de contrecarrer la récession.

Lu pour vous sur: Courrier international

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