Billets populaires

Posted by : Palabre-Infos 10 mai 2012

Le président sud africain, Jacob Zuma et sa dernière épouse Bongi Ngema, le 20 Avril 2012

Est-ce l'actualité un peu molle [en Afrique du sud] qui a poussé les journaux à condamner vertement Jacob Zuma pour son énième mariage ? "Zuma se marie encore - sixième mariage pour le président", annonçait le City Press tandis que le Sunday Times titrait : "Zuma va se marier - encore !"
Après avoir relu ces titres, ma première opinion s'est confirmée. Le City Press affichait nettement sa désapprobation et le Sunday Times, toujours prêt à tirer profit d'une occasion, réaffirmait sa ligne éditoriale antipolygamie avec cet "encore" final, doublé d'un bel usage du point d'exclamation... En lisant ces mêmes titres une quatrième et même une cinquième fois, je me suis dit qu'il était possible d'en donner une interprétation différente.
"Zuma va se marier - encore !" peut finalement se lire comme "Pienaar marque trois buts pour les Bafana - encore !" Zuma et Pienaar [footballeur international sud-africain] semblent avoir tous les deux accompli quelque chose d'important qu'il faut saluer. La version du City Press, "sixième mariage pour le président", à des airs de "sixième titre pour Ferguson et United" [Alex Ferguson est l'entraîneur de Manchester United]. Je commençais à douter de moi... Etais-je complètement à côté de la plaque? Ces honorables organes de notre presse libre étaient-ils en train de féliciter notre bon président ? Ma capacité à repérer des sous-entendus critiques dans un titre était-elle en train de disparaître après de longues années de journalisme?  Je me suis alors décidé à lire ces articles, en espérant déterminer enfin si ces journaux étaient pour ou contre les unions du président avec ces multiples Mme Zuma. 

Dictature de la minorité…
Dans l'article du Sunday Times, on lit que Zuma aurait, "selon la rumeur publique, une vingtaine d'enfants en tout". Bon, me dis-je, nous y voilà. Une condamnation claire et sans équivoque - sinon, pourquoi mettrait-on un fait aussi révélateur au début de l'article ? Vingt enfants ! Voilà la preuve que notre président est un homme aux convictions primitives, mettant beaucoup trop de gens au monde et se montrant grossièrement irresponsable. Puis je me suis rappelé mes deux enfants - deux fils adultes. Je les aime bien. En fait, je les aime beaucoup et je dirais même que j'aimerais bien en avoir davantage des comme ça. Ils viendraient me voir plus souvent. Vingt, c'est peut-être un peu trop... mais six ? Dix ? Oui, je pourrais bien m'y faire. Dans cette perspective, le président peut donc être considéré comme un homme chanceux.
Confronté à un cas grave de confusion culturelle, j'ai fait ce que presque tous les journalistes font dans ce genre de circonstances : je me suis tourné vers Internet. La polygamie, le fait de disposer de plusieurs conjoints, se décline en deux tendances. Zuma et ses femmes pratiquent ce que l'on appelle la polygynie, terme utilisé lorsqu'un homme a plusieurs femmes. La polyandrie définit, quant à elle, une femme ayant plusieurs maris. En continuant mes recherches, j'ai découvert des informations fascinantes. Par exemple, je parie que vous ne saviez pas que, "d'après l'Ethnographic Atlas Codebook, sur 1 231 sociétés recensées, 186 sont monogames, 453 pratiquent une polygynie occasionnelle, 588 une polygynie plus fréquente et 4 la polyandrie". En d'autres termes, plus de 80% des sociétés recensées dans le monde permettent aux hommes d'épouser plusieurs femmes. Et ainsi, nous, les monogames, nous ne sommes finalement qu'une minorité. Et je ne sais pas si je suis si content, finalement, de faire partie de cette minorité.

... ou jalousie mal placée ?
Par exemple, presque tous les mariages sont polygynes au Sénégal. Or sachez que "nombre de sociétés africaines considèrent les enfants comme une forme de richesse. Plus une famille avait d'enfants et plus elle était puissante. La polygamie servait à l'époque à bâtir un empire et permet aujourd'hui aux parents d'assurer leurs vieux jours." Je me suis demandé si les nombreux mariages du président relevaient de cette situation, mais je me suis dit que c'était peut-être un peu exagéré. En revanche, une chose est parfaitement claire. Les adversaires politiques du président qui le considèrent comme un homme simple ont tort. Il est déjà extrêmement complexe de gérer une femme et deux enfants, alors imaginez l'intellect et les ressources nécessaires pour gérer quatre épouses et vingt enfants !

Chris Gibbons
Lur sur: Courrierinternational

{ 1 commentaires... read them below or add one }

  1. bizarre comme attitude quand on est président. Zuma ne fait que fanfaronné à la tête de ce pays.

    RépondreSupprimer

Dites ce que vous pensez de cet article ou de ce blog en général.

- Copyright © PALABRE-INFOS - PALABRE INFOS BLOG -