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Posted by : Palabre-Infos 2 mars 2013

L'avocat qui a plaidé lundi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris portait un nom digne d'un roman de Charles Dickens. Me Christophe Bigot était venu défendre une auteure qui a fait des révélations sur un homme puissant. “Peut-être qu'il est indifférent qu'un président de la République passe ses soirées dans des boîtes échangistes. Mais c'est une question qui mérite d'être posée”, a déclaré l'avocat. Le chef d'Etat en question n'est pas François Hollande, qui n'a certainement jamais les pieds dans une boîte échangiste, mais Dominique Strauss-Kahn, le sulfureux candidat à la présidentielle.

L'ancien ministre a déposé plainte contre Marcela Iacub et les éditions Stock pour atteinte à la vie privée dans l'ouvrage Belle et Bête, récit sensationnaliste mais littéraire d'une liaison de sept mois entre l'auteur et le candidat déchu après le scandale de la femme de chambre duSofitel de New York. S'ils ont refusé de faire retirer le livre du commerce, les juges ont toutefois accordé 70 000 euros de dommages et intérêts à Strauss-Kahn, une somme considérable dans le droit français. Ils ont aussi indirectement fait grimper les ventes du livre paru cette semaine en ordonnant l'insertion d'un encart rappelant l'atteinte à la vie privée de l'ex-ministre dans chaque exemplaire. Cet ajout est d'une grande aide aux lecteurs puisque le nom de l'ancien chef du Fonds monétaire international n'apparaît à aucun moment dans le livre, l'auteur se contentant de le désigner sous l'appellation plus brutale de “cochon”.

Son avocat fit de Strauss-Kahn président de la République une description assez proche de la réalité. Jusqu'à ce fatidique samedi de mai 2011, DSK faisait en effet figure de messie. Moqué par les socialistes de la vielle école pour son style gauche caviar, il n'en était pas moins le favori des électeurs de gauche pour battre l'exaspérant Sarkozy. Où serait la France aujourd'hui si le scandale n'avait pas éclaté et si le cours de l'histoire avait été changé? Le très mondain Strauss-Kahn aurait peut-être fait un meilleur président que son pataud de camarade. François Hollande était un ancien chef de parti fatigué dont on regardait les ambitions présidentielles avec un œil moqueur. Durant la campagne, il s'est présenté comme un futur président “normal”, par opposition au personnage théâtral et surdimensionné que s'était créé Nicolas Sarkozy.

Depuis le Moyen Age, les extravagances et le sens de la mise en scène des monarques français, qu’ils soient héréditaires ou élus, n’est plus à démontrer. Les quatre présidents de 1974 – Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Sarkozy- étaient réputés pour leurs frasques extra-conjugales sans que les Français y trouvent à redire.

DSK aurait fait comme Schroeder en Allemagne

Les temps ont beau changer, la France est encore loin de la société pudibonde et voyeuse du Royaume-Uni ou des Etats-Unis. DSK aurait très bien pu continuer à bénéficier de la complicité des médias. Et fort de son autorité d’ancien ministre des Finances et de patron du FMI il aurait sans doute réussi à sortir la France de cet état d’esprit étatiste et interventionniste hostile à la mondialisation, s’il avait su modérer ses ardeurs. Le pusillanime Hollande n’a fait pour sa part que tergiverser et perdre une précieuse année en augmentant les impôts et en lançant des réformes timides au nom d’un socialisme de façade.
Le Président Strauss-Khan aurait remisé au placard les vieilles lunes de la Gauche, comme Gerhard Schroeder l’a fait en Allemagne il y a dix ans. Et il est peu probable que DSK le pragmatique ait cherché à s’opposer à  Berlin, le moteur de l’Europe, comme Hollande l’a fait en s’alliant contre l’Allemagne avec les Etats méditerranéens en difficulté.
D’aucuns diront que la France n’était pas prête à assumer le credo de l’ultra-libéralisme et pourtant, bien que très impopulaire, Sarkozy, l’homme des réformes, a bien failli être réélu. Sous l’égide vigoureuse d’un DSK, la France aurait pu enrayer cette stagnation qui risque à présent de devenir l’un des plus gros problèmes de la zone euro.

Mais ce petit jeu des spéculations a ses limites. Une fois à l’Elysée après une campagne habile, DSK aurait sans doute été repris par ses démons qui l’auraient mené droit au désastre. Le libertinage avec des femmes du même rang est une chose, la lubricité compulsive telle que la pratique DSK en est une autre.

Dans son livre, Marcela Iacub imagine le scandale si son cochon était devenu Président. “Le cochon préfère les égouts aux palais et si jamais il est dans un palais, il se plaît à le transformer en égout.” Si elle dit vrai, les Français peuvent se réjouir d’avoir Mister Bean aux commandes. 

Source: Courrierinternational

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