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Posted by : Palabre-Infos 9 sept. 2011


Le 20 septembre prochain, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, déposera une demande pour que l’ONU reconnaisse la Palestine comme un État membre de l’organisation. Les Palestiniens n’en peuvent plus des négociations avec Israël dont les débouchés pour une entente de paix semblent à chaque fois être reportés.
Les Palestiniens veulent obtenir une adhésion à part entière de leur État à l’ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la guerre des Six Jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Les Palestiniens espèrent obtenir le soutien de « plus de 150 pays » membres de l’ONU.
Pour que la Palestine soit reconnue le 20 septembre prochain, il lui faudra les deux tiers de l’Assemblée générale de l’ONU constituée de 193 pays. Déjà le Brésil, l’Argentine et la majorité des pays sud-américains ont affirmé qu’ils soutiendraient le président Abbas. Seuls cinq pays ont informé Israël à ce jour qu’ils voteraient contre l’adhésion d’un État palestinien : les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la République tchèque. Le président palestinien Mahmoud Abbas se dit prêt à proposer un projet d’adhésion à l’ONU solide malgré les adversités auxquelles ils pourraient se confronter ; Israël et les États-Unis étant les premiers en liste d’une opposition féroce.
Les États-Unis menacent d’utiliser leur veto au Conseil de sécurité pour empêcher la requête, dans la mesure où une demande d’adhésion à l’ONU doit être validée par le Conseil. En plus, le président américain, Barack Obama, soutient que l’ascension du statut de la Palestine ne changera en rien le déroulement des négociations pour la paix.
Depuis son arrivée à la maison blanche en janvier 2009, le président n’a jamais concrètement agi pour le bien de la région. Le 22 janvier 2009 alors qu’il présentait son envoyé spécial pour la paix au Moyen-Orient, George Mitchell, ses premiers propos sur les affaires étrangères de la région ont été : « Laissez-moi être clair : les États-Unis sont engagés ardemment dans la défense d’Israël. Et nous supporterons toujours les droits d’Israël à se défendre contre la menace légitime ». Il a d’ailleurs appuyé ses dires en décrivant le Hama, parti démocratiquement élu à la tête de l’AP, d’organisation terroriste qui menace l’ordre israélien. II affirmait que pour changer sa position, le parti palestinien devrait se soustraire à ses exigences, soient de reconnaître l’État d’Israël et d’arrêter toutes actions militaires envers le peuple juif. En se positionnant ainsi le président a oublié que depuis le début des conflits se sont les Palestiniens qui ont été les premiers à vouloir coopérer dans le but de résoudre les différents territoriaux. « Israël et les États-Unis sont ceux qui s’opposent le plus farouchement à la paix au Moyen-Orient, alors que les Arabes, l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) y compris, ont tenté depuis des années de s’adapter à la réalité israélienne », nous rappelle Naom Chomsky, philosophe et journaliste américain.
Ce que Barack Obama omet d’expliquer, c’est que si la Palestine devient un État, Israël enfreindrait non seulement la Résolution 242 qui exige un retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés mais aussi la souveraineté d’un État onusien qui bénéficierait alors du droit à la légitime défense et d’un soutien militaire potentiel de l’Organisation. En d’autres mots, Israël ne pourrait plus, au regard du droit international, utiliser les actes militaires palestiniens comme arguments pour perpétuer la colonisation et les tactiques d’oppression.
Sans compter que cela permettrait des négociations à forces égales entre deux nations aux mêmes droits, ce qui faciliterait un consensus pour une paix durable. Mais comme nous le rappelle Norman Finkelstein, politicologue américain, dans son livre L’industrie de l’Holocauste : « un État d’Israël indépendant et en paix avec ses voisins n’aurait servi à rien, ce qu’il fallait, c’était une Sparte israélienne étroitement liée au pouvoir américain pour soutenir les ambitions impérialistes des États-Unis ». Même si ces lignes ont été écrites en 2001, le refus des Américains à accepter la reconnaissance de la Palestine alors même qu’ils souhaitent la paix paraît pouvoir s’expliquer par le même désir de pouvoir idéologique, économique et militaire que mentionne le professeur. Aussi, comme le mentionne Noam Chomsky dans un article publié le 4 février dernier dans The Guardian « les États-Unis et leurs alliés sont pour la démocratie, mais seulement lorsque celle-ci représente les intérêts économiques des Occidentaux ».
Le gouvernement israélien, qui est lui aussi hostile à une démarche unilatérale des Palestiniens, a réitéré son intention de continuer à construire massivement dans les quartiers de colonisation à Jérusalem-Est. Il y a 2 semaines, le ministre de la Défense israélien Ehud Barak a annoncé la construction de 267 logements à Ariel, colonie en Cisjordanie, et ce, en dépit de la demande internationale à cesser l’expansion territoriale. Pour contourner cette opposition, les Palestiniens pourraient demander directement à l’Assemblée générale « d’élever leur statut à l’ONU d’observateur à État non membre ». Cette formule leur permettrait de devenir membre à part entière de toutes les agences de l’ONU, comme l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’Unesco, l’Unicef où les Palestiniens ne siègent qu’en temps qu’observateurs.
On aurait espéré qu’avec l’arrivée de Barack Obama qui souhaitait être un « grand acteur pour la paix entre Israël et la Palestine » une issue au conflit se révèlerait plus facilement. Alors que la Palestine fait preuve aujourd’hui de « leadership » en entreprenant une manœuvre délicate, le pays le plus influent dans la région et à l’ONU semble sur le point de refuser de donner son accord. L’appui des Américains permettrait certainement plus facilement la rentrée de la Palestine comme nouvel État à l’ONU.

Cecile Branco

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