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Posted by : Palabre-Infos 28 févr. 2013

L'audience de confirmation des charges contre l'ex-président de Côte d'Ivoire se poursuit dans un contexte politique de plus en plus tendu. 
Les haines se cristallisent autour de l'affaire Gbagbo, examinée devant la Cour pénale internationale (CPI). Mais curieusement, Laurent Gbagbo ne fait pas tant l'objet des attaques que la CPI elle-même. Les partisans de l'ancien président de Côte d'Ivoire, soupçonnés de crimes contre l'humanité, font un lobbying intense sur Twitter et commentent quotidiennement les audiences. Ils réclament, derrière le hashtag #FreeGbagbo, sa libération. Ils tournent en dérision une justice internationale "partiale", qui aurait fermé les yeux sur les exactions commises par le clan Ouattara.


Le journaliste Frédéric Taddeï s'en indigne également, en signant sur Newsring une tribune intitulée "Arrêtons les frais". "Ne devient-il pas urgent de mettre un terme à cette parodie de justice internationale qui agit comme un instrument de domination supplémentaire au service des pouvoirs en place ?", écrit-il. Enfin, le rapport d'Amnesty International, publié lundi et intitulé "Côte d'Ivoire - la loi des vainqueurs", jette de l'huile sur le feu. "La Côte d'Ivoire demeure le théâtre de violations graves des droits humains à l'encontre de partisans avérés ou supposés de l'ancien président Laurent Gbagbo", peut-on lire en introduction. 88 pages viennent étayer ces informations. 

De la poudre aux yeux politique

Toutes ces critiques - qu'elles soient fondées ou non - nous en feraient presque oublier l'essentiel. Laurent Gbagbo n'est pas jugé pour les exactions commises par le clan Ouattara, mais pour ses propres crimes. "Dire que Ouattara devrait lui aussi comparaître devant la CPI, ça n'apporte rien à la défense de Gbagbo. C'est de la poudre aux yeux politique", assure Géraldine Mattioli, directrice de la division justice auprès de l'ONG Human Rights Watch (HRW). "C'est une technique classique. Déjà Milosevic, quand j'étais au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, tentait de faire la même chose : politiser le tribunal", confie pour sa part Bruno Cathala, président de tribunal et ancien greffier à la CPI.

"La Cour mène un vrai travail d'enquête et d'investigation. Elle va se demander si les éléments constitutifs des crimes reprochés à Gbagbo sont bien là. Elle sait très bien que d'autres exactions ont été commises en Côte d'Ivoire, mais cela n'a rien à voir dans le débat", insiste Bruno Cathala. La Défense, elle, continue à démontrer la vision "parcellaire" et "incomplète" des faits, tels que présentés par l'Accusation. Mais devant les pièces apportées par le procureur, Emmanuel Altit et ses confrères avocats sont contraints de passer à la vitesse supérieure. 

Délégitimer le travail du procureur

L'Accusation évoque des comptes rendus du gouvernement et des rapports du chef d'État-major, plus ou moins accablants pour Gbagbo. Un e-mail est dévoilé. On y apprend qu'Anselme Seka, ex-garde du corps de Simone Gbagbo, s'inquiète auprès de Laurent Gbagbo des conditions de recrutement des mercenaires. En pleine période de crise post-électorale, des réunions quotidiennes avec les forces armées (FDS) ont eu lieu. Les jeunes miliciens ont quant à eux, affirme le bureau du procureur, été maîtrisés par le truchement de Charles Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse. Bref, autant d'indices qui permettent à l'Accusation d'affirmer que Laurent Gbagbo était au courant de toutes les actions entreprises. 

Alors, durant de longues heures, la Défense s'échine à pointer toutes les faiblesses de l'enquête, preuve par preuve. Le travail est long, fastidieux, mais remarquable. Tel rapport n'est pas assez documenté. Les auteurs de crimes ne peuvent pas être identifiés. Tel fait a été mal interprété. Les avocats de Laurent Gbagbo cherchent à délégitimer les "insiders", ces gens qui étaient dans l'entourage de Gbagbo et qui veulent se refaire une santé en témoignant contre lui. Leur récit est très dangereux pour Gbagbo. Il "faut nettoyer Abobo et en faire un cimetière", aurait par exemple dit l'ex-président de Côte d'Ivoire à l'un de ses proches, qui a depuis retourné sa veste.

Au stade de l'audience de confirmation des charges, les juges doivent juste vérifier que les preuves sont assez solides pour ouvrir un procès. Aucune des deux parties - Défense et Accusation - ne dévoilent donc totalement leur jeu. Mais si Laurent Gbagbo venait à être poursuivi, son procès dépassera largement ses seuls crimes. C'est l'implication de la France dans ce conflit qui sera passée au peigne fin.

Source: lepoint.fr
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