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Posted by : Palabre-Infos 1 oct. 2012

Barack Obama
Et le prochain président des Etats-Unis sera... Barack Obama ! A la veille d'une série de débats télévisés qui peuvent encore réserver des surprises est-il imprudent de se livrer à un tel pronostic ? Non, car, à moins d'un retournement spectaculaire de dernière minute, la cause semble entendue. Obama n'a pas encore gagné, mais Romney a déjà presque perdu.
Pour l'emporter en effet le candidat républicain doit transformer le scrutin du 6 novembre en un référendum négatif sur la gestion économique du président Obama : avec un taux de chômage autour de 8 %, sa tâche aurait dû être aisée. 
Mais l'élection ne sera pas un référendum sur le bilan d'Obama, mais sur l'identité de l'Amérique. Un double référendum qui portera tant sur l'identité interne que sur l'identité internationale des Etats-Unis. Et, sur ces deux sujets, le candidat républicain est moins représentatif de l'Amérique de 2012 que ne peut l'être son rival démocrate. Les conventions respectives des deux partis en apportent l'illustration spectaculaire. Le Blanc l'emportait massivement à la convention républicaine. La convention démocrate était infiniment plus diverse et multiculturelle, à l'image de l'Amérique actuelle. Avec un taux de fertilité élevé et une immigration importante (légale ou non), la population hispanique est passée de 14,6 millions en 1980 à 50,4 millions en 2010. De la même manière et sur la même période, la population asiatique, particulièrement présente sur la côte Ouest, est passée de 3,8 millions à 14,6 millions. On estime que 70 % des Hispaniques au moins voteront pour le Parti démocrate et sans doute en sera-t-il de même pour plus de 80 % de la communauté afro-américaine. Le Tea Party peut parler de « reconquérir l'Amérique », Barack Obama est plus représentatif, dans son « essence » comme dans son discours, de l'Amérique d'aujourd'hui que ne peut l'être un Mitt Romney, presque handicapé par sa richesse, en cette période de crise. Obama peut-être unique, Romney n'est pas typique.  
Sur un plan idéologique, le Parti républicain n'a jamais été plus conservateur, au moment même où l'administration démocrate est toujours plus centriste. Ce glissement vers la droite du centre de gravité de la politique américaine dessert un Parti républicain dont la radicalité semble vouloir tirer un trait sur toutes les conquêtes sociales réalisées entre les années 1930 et les années 1960 par les démocrates comme par les républicains. Les démocrates les plus « à gauche », déçus par ce qu'ils considèrent comme la dérive droitière de Barack Obama, n'auront pas de mal à voter néanmoins pour lui face à l'ultraconservatisme de Mitt Romney. Il est difficile au XXI e siècle de l'emporter avec un programme qui prône le retour au XIX e siècle en matière sociale. L'hostilité ou la méfiance à l'égard de l'Etat est une chose, la remise en cause des acquis sociaux les plus fondamentaux en est une autre.
Sur le plan international, Romney président n'aurait sans doute pas, en pratique, une politique si différente de celle d'Obama. Mais, au niveau rhétorique, il existe un décalage toujours plus grand entre le discours du Parti républicain et l'évolution de l'opinion publique américaine. Le 11 Septembre est certes toujours présent comme une blessure. Mais les Américains ne souhaitent, dans leur immense majorité, ni une guerre commerciale avec la Chine ni une guerre tout court avec l'Iran. Après l'Irak et l'Afghanistan et face à la complexité du printemps arabe, l'Amérique est plus tentée par la volonté de se protéger du monde que par celle de le transformer selon ses idéaux démocratiques. Les Américains sont moins préoccupés du déclin relatif du statut international de leur pays qu'inquiets de leur futur individuel « à la maison ».
Dans un tel contexte, il faudrait des qualités exceptionnelles à Romney pour l'emporter. Mais, jusqu'à présent, il n'a pas seulement été décalé, sinon anachronique, dans son programme, mais rigide dans sa personne. Barack Obama n'a certes pas pleinement convaincu les Américains, même si son bilan est plus qu'honorable. Comme le dit son vice-président Joe Biden : « Ben Laden est mort et General Motors est toujours en vie. ». Mais l'essentiel est ailleurs. En 2008, l'espoir et la mobilisation des jeunes ont porté Obama au pouvoir. En 2012, la peur des seniors de perdre les acquis de Medicare et plus globalement toute forme de protection sociale vont maintenir Obama à la Maison-Blanche.*
Dominique Moïsi est conseiller spécial à l'Ifri
Écrit par Dominique MOÏSI

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